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cours:residanat:pneumologie:tuberculose_des_ganglions_peripheriques

Tuberculose des ganglions périphériques

1. Définition

  • Multiplication du BK au niveau des ganglions lymphatiques
  • Peut toucher les ganglions profonds et superficiels (ces dernières sont plus facilement accessibles)

2. Intérêt

  • Fréquence (plus fréquente des TEP)
  • Chronicité fréquente, source d'échec thérapeutique
  • Risque de séquelles inesthétiques (fistulisation)

3. Épidémiologie

  • Plus fréquente des TEP
  • Sexe ration tendant toujours vers les femmes (1 à 1,3), quelque soit la race
  • Fréquence variable d'un pays à un autre, et au sain d'une même population selon :
    • L'histoire naturelle et l'épidémiologie de la tuberculose dans ce pays
    • Les critères retenus pour le diagnostic
  • Algérie : 33,9% en 1997 (2e après la localisation pleurale)
  • Pays développés : en augmentation constante dans les populations à risque et les ethnies minoritaires (France: 20%, Angleterre: 19%)

4. Diagnostic

4.1. Clinique

  1. Examen du ganglion :
    • Siège : cervical (90%), axillaire (3-8%), inguinal (1-3%)
    • Nombre et taille
    • Consistance : ferme, ramollie, dure
    • Sensibilité : indolence totale en général
    • Mobilité : par rapport aux plans superficiel et profond
    • Etat des téguments : abcès, fistule
  2. Examen ORL : chancre d’inoculation au niveau de la cavité buccale
  3. Examen de l'abdomen recherche d'ADP profondes, mesure de la flèche hépatique, palpation splénique

4.2. Stades évolutif (anatomo-cliniques)

  1. Crudité : lisse, régulier, ovoïde, mobile, ferme, indolent, peau normale
  2. Ramollissement : caséification et augmentation de volume, mou, douloureux, empâté, peu mobile, rougeur des téguments alentours (péri-adénite)
  3. Fistulisation : peau ulcérée, violacée, fistule indurée (scrofuloderme), pus verdâtre contenant des grumeaux caséeux

4.3. Formes cliniques

4.3.1. Formes évolutives

  1. Généralisée : fréquent chez les noirs, lymphome tuberculeux, volumineux, généralisé, pouvant déformer le cou, évolution lente, absence de ramollissement, altération de l'état général
  2. Fébrile : adénite fébrile au long cours, et AEG

4.3.2. Formes topographiques

  1. Cervicale : la plus fréquente (90%)
  2. Axillaire : rarement multiple (2-8%), adénites à BCG
  3. Inguinale : souvent satellite d'un foyer tuberculeux locorégional
  4. Adénopathies associées à une autre tuberculose : pulmonaire ou viscérale, rare et grave (AEG profonde fréquente, souvent sur terrain d'immunodépression (VIH))

4.4. Para-clinique

  1. IDR : critère diagnostic essentiel (enfant et TEP de l'adulte)
  2. Radiographie : signes de PIT, calcification de l'ADP (signe de guérison)
  3. Ponction ganglionnaire : présence de caséeum, de cellules géantes et de cellules épithéloïdes, ou de l'un des 3 seulement ; on peut aussi retrouver un granulome ; la PCR améliore grandement le rendement diagnostic
  4. Biopsie ganglionnaire : à diviser en 2 : mise en culture (dans du sérum physiologique) et étude histologique (formol 10%)

5. Diagnostic positif

5.1. Éléments de présomption

  1. Clinique : âge (2e enfance et jeune adulte), sexe (femme), apyrexie ou fébricule, pas d'AEG, contage et ATCD, absence de BCG
  2. Biologique : IDR positive, granulome tuberculoïde sans nécrose caséeuse

5.2. Éléments de certitude

  1. Bactériologique : mise en évidence du BK à la culture (rarement à l'examen direct)
  2. Histologique : présence de caséum, ou du granulome tuberculeux (avec nécrose caséeuse)

6. Diagnostic différentiel

  1. Fausses adénopathies :
    • Cervical : lipome, kyste sébacé, kyste thyroïdien, kyste congénital, glandes salivaires
    • Axillaires : hidrosadénite, lipome, abcès à pyogènes
    • Inguinales : hernie inguinale, kyste du cordon spermatique, kyste du canal inguinal
  2. Infections non tuberculeuses :
    • Bactériennes : apparition brutale, sensible, en rapport avec une infection locale ou régionale
    • Virales : surtout chez l'enfant (fièvres éruptives), oreillons (ADP prétragiennes), mononucléose infectieuse, maladie des griffes du chat (lymphoréticulose bénigne d'inoculation), VIH
    • Parasitoses : toxoplasmose, Kala-Azar, Syphilis secondaire et tertiaire
  3. Adénopathies non infectieuses : sarcoïdose
  4. Adénopathies néoplasiques : LMH, LLC, leucoses aiguës, métastases

7. Traitement

7.1. Buts

  • Stérilisation
  • Éviter (ou à défaut, traiter) la survenue de fistules et de cicatrices chéloïdes disgracieuses

7.2. Moyens

  1. Chimiothérapie antituberculeuse : régime de première ligne 2 RHZ/4 RH
  2. Corticothérapie : pas d'efficacité démontrée sur l'évolution locale ni sur l'inflammation ganglionnaire (pénétration des antituberculeux), rôle sur les signes généraux sans plus
  3. Traitement local : ponctions évacuatrices, en cas de ramollissement, peuvent éviter la fistulisation
  4. Chirurgie : ne semble pas influencer la durée d'évolution
  5. Injections locales d'antibiotiques : actuellement abandonnée

7.3. Indications

  • Traitements locaux et médicamenteux : chimiothérapie toujours indiquée, malgré la bénignité apparente initiale et l'évolution rapidement favorable dans certains cas
    • ADP ferme de petite taille : traitement seul
    • ADP ramollie : traitement + ponctions répétées
    • ADP fistulisée : traitement +/- ponctions + traitement local (antiseptiques, pansements…)
  • Traitement chirurgical :
    • Biopsie à visée diagnostic ; si ganglion ramolli ⇒ étendre le geste par adénectomie (résection totale de tous les ganglions de la même chaine suspects)
    • Grosses adénopathies sans tendance à la résorption après 2 mois de traitement + ponctions
    • Compression (vaisseaux du cou, muscles)
    • Cicatrices chéloïdes
    • Adénites à mycobactéries atypiques : chirurgie d'emblée (malgré que la guérison spontanée soit possible)

7.4. Résultats

  • Au cours du traitement, les ganglions peuvent augmenter de volume et de nouveaux peuvent apparaitre ⇒ n'est pas un présage d'échec thérapeutique
  • Le traitement reste décevant : taux d'échec et de rechute élevés (2-17%)
  1. Guérison : après 6 mois de traitement
    • Disparition de l'adénite, ou persistance d'un ganglion non évolutif < 1 cm
    • Assèchement de l'écoulement
    • Cicatrice fibreuse
  2. Échec : après 6 mois de traitement
    • Persistance de l'adénite ou augmentation de la taille
    • Fistule productive
    • Apparition de nouveaux ganglions
  • En cas d'échec, pas de consensus : certains continuent le traitement antituberculeux, mais il nous parait plus logique d'arrêter à 6 mois (vu qu'ils ne pénètrent plus l'adénopathie) et d'envisager d'autres thérapeutiques (ablation chirurgicale)
  • En cas de rechute : penser à rechercher des mycobactéries atypiques ainsi que de mettre en culture pour test de sensibilité

cours/residanat/pneumologie/tuberculose_des_ganglions_peripheriques.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:36 de admin@medwiki-dz.com

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