cours:residanat:pneumologie:tabac_et_bpco
Table des matières
Tabac et BPCO
1. Introduction
- Lien Tabac/BPCO formellement établi
- BPCO = maladie chronique, diminution non complétement réversible des débit aériens, déclin de la fonction respiratoire, due à une réaction inflammatoire anormale du poumon face au gaz et particules nocifs (tabac +++)
2. Epidémiologie de la BPCO
2.1. Prévalence
- Parmis les 10 maladies chroniques les plus prévalentes dans le monde
- Plus importante chez l'homme que chez la femme
- Risque augmente selon nombre de cigarettes par jour et quantité cumulée en paquet-années
- Algérie :
- 200.000 BPCO pour 31 millions d'habitants en 2003
- Surement sous estimé compte tenu de la prévalence du tabagisme (30% de la population, 50% des hommes)
2.2. Morbidité
- Rare avant 40 ans (temps nécessaire à l'installation des lésions anatomiques puis des manifestations fonctionnelles)
- Prévalence augemente avec l'âge
2.3. Mortalité
- 4e cause de mortalité aux USA, 90% de ces décès sont attribuables au tabac ; sera la 3e dans le monde dans les 20 prochaines années selon l'OMS
- Risque de décès des fumeurs multiplié par 12 chez l'homme et par 13 chez la femme ; risque de mortalité par BPCO 3 à 4 fois plus élevé chez la femme
3. Composition de la fumée de cigarette
4000 substances différentes et variables ; les principales sont :
- Nicotine : principal alcaloïde ; dépendance rapide ; fixation sur les récepteurs cérébraux 6 à 8 secondes après l'inhalation ; effets neurologiques, cardio-vasculaires, respiratoires et digestifs
- Substances cancérigènes : hydrocarbures polyaromatiques (benzopyrènes…), dérivés nitrés hétérocycliques (pyridine…), aldéhydes, nitrosamines, cétones…
- Oxyde de carbone
- Irritants : acroléines, phénols, aldéhydes…
4. Mécanismes de toxicité
- Effet directe de la chaleur (brulures chroniques)
- Effet directe de la fumée sur les voies respiratoires
- Passage de produits toxiques vers le sang puis les organes
5. Etiopathogénie de la BPCO
- Conséquence de lésions anatomiques de la muqueuse bronchique et du parenchyme, engendré par des particules et des gaz nocifs (tabac 90%, pollution, professionnel)
- Fumée de tabac ⇒
- Inflammation ⇒ médiateurs (oxydants et protéases notamment) ⇒ destruction du parenchyme
- Dérèglement des mécanismes de réparation ⇒ destruction ou mauvaise réparation ⇒ fibrose péri-bronchiolaire ⇒ diminution des débits périphériques
- ⇒ Bronchite chronique & emphysème pulmonaire
- Seul 15 à 20% des fumeurs développent une BPCO ⇒ autres facteurs de risques environnementaux ou génériques
- Seul facteur génétique identifié : déficit en alpha-1 antitrypsine (1 à 2% des BPCO) ⇒ joue un rôle dans le développement des la BPCO, mais également d'un emphysème panlobulaire chez les non-fumeurs
6. Sevrage tabagique et BPCO
6.1. Prévention
- Sensibilisation et information
- Mesures éducatives axées sur les jeunes
- Législation rigoureuse dans son application, particulièrement les mesures fiscales (efficace)
6.2. Stratégies de sevrage tabagique chez les BPCO
6.2.1. Caractéristiques des fumeurs BPCO
- Degré de dépendance à la nicotine
- Degré de motivation pour l'arrêt du tabac
- Fréquance de l'anxiété et de la dépression (jusqu'à 30%)
6.2.2. Différentes stratégies d'aide
- Conseil minimal : inefficace, surtout s'il est répété de façon uniforme et itérative au cours des consultations ⇒ rend les patients insensibles
- Thérapie comportementale (associée au conseil minimal) : améliorer la motivation ; 30% de succès en routine, 40% dans les protocoles de recherche ; spirométrie régulière ⇒ impact plus important
- Traitement pharmacologique : double le taux de succès quand associés à la thérapie comportementale
- Substituts nicotiniques : gommes, timbres
- Bupropion (Ziban) : antidépresseur atypique (inhibe la recapture de la dopamine et de la noradrénaline)
6.3. Stratégie de réduction de consommation
- Difficulté de sevrage chez les BPCO ⇒ autre approche
- Réduction = intervention réaliste, à proposer comme étape intermédiaire vers l'arrêt total
- Définie par une réduction de consommation quotidienne d'au moins 50% maintenue pendant au moins 3 mois, vérifiée par une diminution soutenue du CO exhalé
- Améliore les symptômes (expectoration ++), mais impact limité sur l'évolution de la fonction respiratoire
- Cet impact n'est significatif que pour une consommation résiduelle basse (5 cig./j)
- Adjonction de substituts nicotiniques pour éviter l'inhalation profonde ou plus fréquente compensatrice ; arrêter si le patient n'arrive pas à réduite sa consommation en 6 semaines, ou si le sevrage n'est pas obtenu au bout de 6 moins
7. Bénéfices de l'arrêt du tabac chez le BPCO
- Maintien du tabac = facteur aggravant le déclin de la fonction respiratoire
- Sur le plan anatomique :
- Arrêt au stade 0 ou asymptomatique ⇒ réversibilité variable des lésions anatomiques bronchiques (parenchymateuses dans une moindre mesure)
- Cette réversibilité diminue avec l'avancée de la maladie
- Sur le plan fonctionnel :
- Ralentissement du déclin du VEMS, d'autant plus important que le sevrage est précoce
- Sur le plan clinique :
- Moins d'exacerbations et d'hospitalisations ⇒ amélioration de la qualité de vie
- Sur le plan de la santé publique :
- Impact important sur la morbidité et la mortalité
8. Conclusion
- Le lien tabac/BPCO est une évidence
- Aucune autre mesure n'est aussi efficace que le sevrage pour traiter la maladie
cours/residanat/pneumologie/tabac_et_bpco.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:36 de admin@medwiki-dz.com