MedWiki-DZ

Cours et résumés collaboratifs pour Médecins Résidents et Externes

Outils pour utilisateurs

Outils du site


cours:residanat:pneumologie:les_medicaments_antituberculeux

Les médicaments anti-tuberculeux

Objectifs pédagogiques :

  • Mode d'action, pharmacodynamique, pharmacocinétique, toxicité
  • Intérêt de l'association des antibiotiques à action intra- et extra-cellulaire
  • Les médicaments de réserve

1. Les médicaments essentiels

  • Au nombre de 5 : Isoniazide (H), Rifampicine (R), Streptomycine (S), Pyrazinamide (Z), Ethambutol (E)
  • Toujours prescrits en association : aucun ne peut à lui seul détruire tous les bacilles d'une tuberculose active
  • H, R, Z : bactéricides, stérilisants, capable de prévenir l'émergence de résistant quand ils sont associés
  • H, R : les plus puissants, hautement bactéricides et stérilisants
  • S : très active sur les bacilles extra-cellulaires (multiplication rapide)
  • Z : actif sur les intra-cellulaires (multiplication lente) ⇒ activité stérilisante importante
  • E : bactériostatique, prévient l'émergence de résistants quand associé à H et R
  • Associations en proportion fixes : facilite l'administration, évite une monothérapie accidentelle ou une posologie incorrecte
Médicaments essentiels Abréviation Posologie quotidienne (mg/kg) Voie d'administration
Rifampicine R 10 (8-12) Orale
Isoniazide H 5 (4-6) Orale
Pyrazinamide Z 25 (20-30) Orale
Ethambutol E 15 (15-20) Orale
Streptomycine S 15 (12-18) Injectable
Association fixe Dosage par comprimé (mg)
Adulte Enfant
HR 75 - 150 30 - 30
HRZ 75 - 150 - 400 30 - 60 - 150
HRE 75 - 150 - 275 -
HRZE 75 - 150 - 400 - 275 -
Rifampicine Isoniazide Pyrazinamide Ethambutol Streptomycine
Action - Bactéricide
- Intracellulaire
- Inhibe l'ARN polymérase
- Inducteur enzymatique
- Bactéricide
- Paroi bactérienne
- Inhibe la synthèse de la paroi
- Bactéricide
- Bacilles intracellulaires (à multiplication lente
- Mode d'action inconnu
- Bactériostatique
- Paroi bactérienne
- Inhibe l'incorporation moléculaire à la paroi et inhibe l'action de l'ARN
- Bactéricide
- Bacilles extracellulaires (à multiplication rapide)
- Inhibe la synthèse protéique par fixation sur le ribosome
Voie Per-os Per-os Per-os Per-os (mais résorption diminuée) IV ou IM (résorption orale très diminuée)
Cinétique Bonne diffusion, sauf dans les lipides (SNC, épanchements) car lié aux protéines plasmatiques Bonne diffusion, pic en 1 à 5h Bonne diffusion, pas de liaison aux protéines plasmatiques Bonne diffusion, pic en 2 à 4h Bonne diffusion
Élimination Biliaire Rénale active
Biliaire
100% rénale 80% rénale active 80% urinaire
20% digestive
Isoniazide - Bactéricide précoce sur toutes les populations bacillaires
- Métabolisme hépatique (acétylation)
Rifampicine - Bactéricide précoce sur toutes les populations bacillaires
- Métabolisme hépatique, élimination biliaire sous forme libre (active, cycle entéro-biliaire) et désacétylée (inactive)
- Puissant inducteur enzymatique
Pyrazinamide - Bactéricide sur les BK intra-macrophagique (favorisé par l'acidité cytoplasmique)
- Elimination rénale
Streptomycine - Bactéricide sur les BK extracellulaires en multiplication
Ethambutol - Bactériostatique utilisant comme complément à R et H

1.1. Isoniazide

  • Actif sur toutes les populations bacillaires ⇒ il est au premier rang dans la prévention des résistances et contribue à la stérilisation des lésions
  • Absorption digestif puis métabolisations au niveau hépatique par une acétyl-transférase :
    • Il existe des patients acétyleurs lents et rapides
    • Mais ce phénotype d'acétylation n'a pas de signification pronostic quand la prise est quotidienne (la dose est toujours suffisante)
    • CS = 2,5 µg/ml (acétyleurs lents) - 0,8 µg/ml (acétyleurs rapides) à H3 ; CS/CMI = 100 à 50

1.2. Rifampicine

  • Actif sur toutes les populations bacillaires (idem Isoniazide, et contribue au raccourcissement de la durée du traitement)
  • Absorption intestinale, métabolisme hépatique, élimination biliaire sous 2 formes :
    • Active, qui sera ré-absorbée (cycle entéro-hépatique ⇒ remonte les taux sériques)
    • Désacétylée
  • Puissant inducteur enzymatique :
    • Induit son propre métabolisme, ainsi que des médicaments associés (INH, PZA)
    • Et celui d'autres médicaments : contraceptifs oraux, neuroleptiques, anti-rétroviraux inhibiteurs de la protéase …
  • CS = 10 µg/ml à H3 ; CMI = 0,15 µg/ml ; CS/CMI = 75

1.3. Pyrazinamide

  • Actif sur les bacilles intra-cellulaires (macrophages) ⇒ activité essentielle lors des premières semaines de traitement
  • Activité stérilisante maximale en association avec R et H
  • Activité favorisée par l'acidité cytoplasmique
  • CS = 40 µg/ml à H3 ; CMI = 5 µg/ml ; CS/CMI = 3 à 10 (selon la dose)

1.4. Streptomycine

  • Actif sur les bacilles extra-cellulaires en multiplication active ⇒ donc sur les BK des cavernes, riches en O2
  • CS = 30 µg/ml à H3 ; CMI = 1 µg/ml ; CS/CMI = 30

1.5. Ethambutol

  • Actif sur les bacilles des lésions excavés
  • Essentiellement bactériostatique, mais aussi bactéricide
  • Peut remplacer la streptomycine, en association avec R et H à la phase initiale (adopté en Algérie depuis 2001)
  • CS/CMI = 2 à 3

2. Les médicaments de réserve

  • Généralement moins actifs et plus toxiques
  • Réservés aux cas chroniques (échecs ou rechutes d'un traitement de 2e ligne), qui sont souvent des cas bacilles multi-résistants (ou présumé tels)
  • Ne sont prescrits que sous contrôle d'un pneumo-phtisiologue hospitalo-universitaire
Médicament de réserve Abréviation Posologie quotidienne (mg/kg) Voie d'administration
Ethionamide ET 15 (10-20) Orale
Ofloxacine O 10 (8-12) Orale
Kanamycine K 15 (12-18) Injectable
Cyclosérine C 15 (10-15) Orale

2.1. Aminoglucosides et apparentés (Kanamycine, Amikacine, Capréomycine)

  • Actif sur les bacilles en multiplication (bactéricide)
  • Résistance croisée entre Kanamycine et Amikacine ; cette double résistance induit une résistance à la Streptomycine, mais l'inverse n'est pas vrai (les résistants à la Streptomycine restent sensible à la Kanamycine et à l'Amikacine)
  • Les résistants aux 3 drogues précédentes restent sensibles à la Capréomycine
  • CS/CMI = 5 à 10

2.2. Thionamides (Ethionamide, Prothionamide)

  • Même substance active
  • Résistance croisée
  • Bactéricides
  • CS/CMI = 4 à 8

2.3. Fluoroquinolones (Ofloxacine, Ciprofloxacine)

  • Faiblement bactéricide
  • Résistance croisée
  • CS/CMI = 5 à 7,5

2.4. Cyclosérine

  • Bactériostatique
  • CS/CMI = 2 à 4

2.5. Acide para-aminosalicylique (PAS)

  • Bactériostatique
  • CS/CMI = 100

2.6. Thiacétazone

  • Bactériostatique
  • CS/CMI = 10 à 15

3. Principes présidant l'administration des antituberculeux

  1. Prévention de l'émergence de souches résistantes :
    • 3 à 5 médicaments simultanément
    • Ne pas ajouter/retirer de drogues en cours de traitement pour éviter les résistances en cascade
  2. Facilité d'administration :
    • Mauvaise observance et difficulté d'ajustement des doses = FDR d'échec du traitement
    • Solution = formes combinées à doses fixes. Avantages :
      • Prévention de la monothérapie (accidentelle?) et donc de la résistance
      • Simplicité : prise, prescription, gestion de stock
      • Meilleur coût
    • Une seule prise quotidienne, régulière
    • Vérifier activement l'observance
  3. Raccourcissement de la durée du traitement

4. Les traitements adjuvants

  1. Corticothérapie :
    • Orale, 0,5 mg/kg/j d'équivalent prednisone
    • Associé à la chimiothérapie, pendant 3 à 6 semaines
    • Indiqué pour les localisations extra-pulmonaires, pauci-bacillaires mais très inflammatoires (méningite, pleurésie, ascite, péricardite, primo-infection avec opacité segmentaire ou lobaire, adénopathie volumineuse pseudolymphomateuse tuberculeuse prouvée)
  2. Ponctions ganglionnaire :
    • Adénite ou abcès froid sous-cutanée
    • Suivi d'injection de streptomycine in situ
  3. Ponctions pleurales/d'ascite évacuatrices :
    • Itératives
    • Associées à une kinésithérapie respiratoire précoce
  4. Chirurgie : à visée fonctionnelle ou esthétique
    • Abcès froid, adénopathies persistante après traitement complet, tuberculose ostéo-articulaire, urogénitale
    • Exceptionnellement : exérèse chirurgicale d'une TBK MDR localisée

Résumé basé sur le Guide Algérien de la Lutte Antituberculeuse (édition 2011)

cours/residanat/pneumologie/les_medicaments_antituberculeux.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:35 de admin@medwiki-dz.com

Sauf mention contraire, le contenu de ce wiki est placé sous les termes de la licence suivante : CC0 1.0 Universal
CC0 1.0 Universal Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki