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cours:residanat:pneumologie:la_tuberculose_pulmonaire_commune

Tuberculose pulmonaire commune

1. Introduction

  • Infection du parenchyme pulmonaire par le bacille de Koch
  • Atteinte infiltrative et/ou ulcérée le plus souvent
  • Forme la plus fréquente de tuberculose
  • Diagnostic et traitement précoce important ⇒ limiter la transmission

2. Épidémiologie

2.1. Incidence en Algérie

  • 1962-1980 : haute prévalence
  • Début des années 80 : prévalence modérée, incidence annuelle entre 20 et 99 cas/100.000 habitants
  • 2000-2010 :
    • Incidence stabilisée à 26 cas/100.000 habitants
    • Mortalité = 2% pour les nouveaux cas, 4% pour re-traitements ou 2e ligne

2.2. Transmission

  • Exclusivement inter-humaine, aérienne (inhalation de BK dans les gouttelettes de salive)
  • Deux facteurs essentiels : concentration de l'air en gouttelettes infectantes ; et la durée d'exposition
  • 5 à 10% des patients infectés développent une tuberculose dans les 3 à 5 ans après la PIT

2.3. Facteurs de risque

  • État nutritionnel, conditions socio-économiques, habitat, alcoolisme ⇒ influencent les compétences immunitaires
  • Groupes à haut risque traditionnels :
    • Conditions socio-économiques défavorisé
    • Diabète, ulcère ou gastrectomisé
    • Long séjour en milieu psychiatrique
    • Personnels soignants très exposés
  • Groupes à haut risque actuels :
    • Exclus sociaux (souvent fumeurs et alcooliques)
    • VIH+ et immunodépression (néo, hémopathie, traitements, transplantés)
    • IRC dialysé
    • Toxicomanes
    • Détenus

3. Anatomo-pathologie

  1. Macroscopie :
    • Caséum blanc jaunâtre pâteux onctueux (fromage blanc)
    • Ulcération : perte de substance irrégulière
    • Nodules : granulations blanchâtres ou jaunâtres
    • Cavernes : cavités remplies ou tapissées de caséum
  2. Microscopie :
    • Phase aiguë : réaction inflammatoire exsudative non spécifique
    • Phase sub-aiguë : formation de follicules spécifiques (de Koester) épithélio-giganto-cellulaire avec nécrose caséeuse centrale
    • Phase chronique : follicule fibreux

4. Diagnostic positif

  • Faisceaux d'arguments cliniques, radiologiques et biologiques
  • Certitude = bactériologie

4.1. Circonstances de découverte

  • Aucune signe pathognomonique
  • Début bruyant (tableau de pneumonie) ou latence complète (diagnostic fortuit)
  • Les signes les plus communs :
    • Symptômes généraux : fièvre, sueurs nocturnes, asthénie, anorexie, amaigrissement
    • Symptômes fonctionnels respiratoires :
      • Toux persistance plus de 15 jours, sèche ou…
      • …Productive (banale, muqueuse ou franchement purulente, souvent déglutie, peut manquer chez la femme et l'enfant)
      • Hémoptysie ou crachats hémoptoïques
      • Dyspnée et douleurs thoraciques rarement révélateurs (15-20% des cas)

4.2. Interrogatoire

  • Notion de contage +++
  • Antécédents de TBK
  • Comorbidités
  • BCG

4.3. Examen physique

  • Pauvre en général
  • Condensation pulmonaire quand l'atteinte est étendue

4.4. Radiographie thoracique

  • Nodules : de petite taille (3 à 10 mm de diamètre), souvent confluents
  • Opacités linéaires : 0,5 à 1 mm de largeur, disposée en mailles de filet entre le hile et les régions sous-claviculaires
  • Infiltrats : opacités en nappe
  • Clartés (cavernes) : image la plus évocatrice
    • Apparait d'abord au sein d'un infiltrat, puis s'individualise sous forme d'une bulle claire, à paroi régulière de 2 mm d'épaisseur
    • Bas fond liquidien
    • Tractus linéaire reliant la bulle au hile (bronche de drainage)
    • 109 BK dans une caverne de 2 cm
    • Elle constitue un élément de gravité individuel (dissémination à distance, séquelles) et collective (contamination)
  • Ces images peuvent s'associer ou se succéder dans le temps
  • D'abord unilatéral et prédominant aux segments supéro-postérieur, puis s'étendent et se bilatéralisent
  • Entrainent des destructions plus ou moins étendues (fibrose rétractile)

4.5. Examens biologiques

  • Peu d'intérêt, anomalies inconstantes
  • Syndrome inflammatoire (VS, CRP)
  • Leuco-neutropénie avec lymphocytose

4.6. Examens bactériologiques

  • Permettent de confirmer la tuberculose et de juger de la contagiosité (adapter la PEC de l'entourage)
  • Systématiques devant une image radiologique évocatrice ou forte suspicion clinique même avec radio normale ou peu contributive
  • Prélèvements :
    • Expectoration : 3 prélèvements (un sur place, un le lendemain très tôt, si insuffisant, un 3e sur place)
    • Tubage gastrique : chez les patients non cracheurs (femmes et enfants), très tôt le matin, 3 jours de suite (ou plus)
    • Aspiration ou lavage bronchique : lésions minimes non excavées fortement suspectes ; prélever les expectorations des 24h qui suivent la fibroscopie (souvent positives)
    • Acheminement rapide ou stockage à 2-8°C ou conservation chimique
  • Étude bactériologique :
    • Examen directe : après coloration de Ziehl Neelsen ou Auramine ⇒ présence de BAAR (> 10 BAAR/100 champs, dans au moins 2 prélèvements)
    • Culture : sur milieu de Lowenstein-Jensen : résultats à J7, 21, 48, 72
    • Antibiogramme si suspicion de BK résistants ou si BK+ à M5 ou M6
    • Nouvelles méthodes de culture (MGIT, Bact 960…) couteuses et pas toujours disponibles

4.7. Autres examens complémentaires

4.7.1. Intradermo-réaction (IDR)

  • Souvent positive (> 10 mm)
  • Mais il s'agit d'une preuve de contact avec le BK et non d'infection
  • Est un argument en faveur, d'autant plus s'il y a virage
  • Intérêt surtout chez l'enfant, les TEP et la PIT latente ; pas systématique pour le TP
  • Faux négatifs possibles (immunodéprimés, tuberculose grave)

4.7.2. Biologie moléculaire sur échantillons cliniques (PCR)

  • Aucun test d'amplification ADN ou ARN ne peut remplacer la culture (cette dernière garde une sensibilité supérieure) ⇒ test moléculaire non systématique
  • Si examen directe négatif, on peut y avoir recours chez des cas sélectionnés de par l'urgence et la gravité du pronostic
  • Ce sont des tests spécifiques de M. tuberculosis (peuvent aider à faire la différence dans certains cas urgents)
  • Exemple de test : genXpert. Permet la détection de M. tuberculosis et la détection de la résistance à la Rifampicine

4.7.3. Tests IGRA (Interferon Gamma Release Assay)

  • Tests sanguins
  • Mise en évidence de la libération in vitro d'interferon gamma par les lymphocytes T après stimulation par des Ag spécifiques de M. tuberculosis
  • Non influencés par le BCG
  • Comme l'IDR, ils ne font pas la différence entre infection et maladie ⇒ peu d'intérêt dans le diagnostic d'un TP
  • Deux tests disponibles : QuantiFERON-TB et T-SPOT-TB

4.7.4. Biopsies trans-bronchiques ou laryngo-trachéo-bronchique

  • À discuter au moment de la fibroscopie si l'examen directe est négatif
  • Permet aussi de voir les granuloes
  • Mise en culture systématique

5. Critères diagnostic

  1. Microscopie positive :
    • Deux frottis positifs
    • Ou un seul positif avec image radiologique compatible
    • Ou un frottis et une culture positive
  2. Microscopie négative : ⇒ analyse de la radiographie
    • Lésions non cavitaires, peu étendues, évolutivité douteuse
      • Culture disponible : au moins une culture positive ; en attendant le résultat, faire 2 frottis toutes les 2 semaines
      • Culture non disponible : deux images radiologiques à 2-4 semaines d'intervalle montrant une évolutivité/extension de lésions typiques
    • Lésions non cavitaires, étendues, évolutives, menaçant parfois le pronostic vital
      • Miliaire aiguë fébrile : avec ou non signes méningés, traitement débuté d'emblée (même avec les 2 frottis initiaux négatifs)
      • Déficit immunitaire (diabète, corticothérapie au long cours, immunosuppresseurs, VIH) : éliminer une infection non tuberculeuse et commencer le traitement (même avec les 2 frottis initiaux négatifs)

6. Traitement

7. Complications de la tuberculose pulmonaire

7.1. Tuberculose évolutive

  1. Hémoptysie :
    • Abondance variable
    • Nécrose d'une paroi artérielle (complication rare et mortelle)
    • Érosion tangentielle d'une branche de l'artère pulmonaire, peut être du à long terme d'un anevrysme de Rassmussen
  2. Pneumothorax :
    • Secondaire à une rupture d'une caverne dans la cavité pleurale
    • Les bacilles de la caverne infectent la plèvre ⇒ pyo-PNO
  3. Pleurésie :
    • Par contiguité d'une TP évolutive

7.2. Séquelles

  • DDB
  • IRC en cas de séquelles étendues
  • Pneumothorax par rupture de cicatrice bulleuse, ne s'accompagne pas d'infection de la plèvre ; souvent bénin, guéri en 48h sous traitement médical
  • Aspergillome d'une cavité séquellaire (cure chirurgicale)

8. Prévention

  • Vaccination BCG obligatoire dès la naissance
  • Déclaration obligatoire
  • Dépistage familial, scolaire et professionnel du sujet contact obligatoire
  • Isolement des sujets bacillifères
  • Amélioration des conditions socio-économiques

Résumé basé sur le cours de Dr. Benazzouz (DEMS 2016)

cours/residanat/pneumologie/la_tuberculose_pulmonaire_commune.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:35 de admin@medwiki-dz.com

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