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cours:residanat:pneumologie:diagnostic_et_traitement_des_bpco_en_etat_stable_gold

Table des matières

Diagnostic et traitement des BPCO en état stable

Objectifs pédagogiques :

  • Connaitre les éléments diagnostics de la BPCO
  • Savoir classer la BPCO selon son degré de sévérité et la classification GOLD (symptômes, syndrome ventilatoire obstructif, index BODE, exacerbations)
  • Connaitre les objectifs du traitement à long terme de la BPCO
  • Évaluer les effets du traitement au long terme de la BPCO
  • Aide au sevrage tabagique : connaitre les moyens médicamenteux et non médicamenteux
  • Connaitre les traitements pharmacologiques (bronchodilatateurs, corticostéroïdes)
  • Établir une stratégie thérapeutique de la BPCO : recommandations en pratique

1. Diagnostic

  • Circonstances de découverte : dyspnée, toux chronique productive, avec histoire d'expositions
  • VEMS/CVF < 70% = confirme la présence d'une limitation des débits
  • TVO + symptômes et expositions = BPCO

1.1. Symptômes

  • Dyspnée : principal symptôme de la BPCO
    • Cause majeur de handicape et d'anxiété
    • Progressive, persistante
    • Surtout à l'exercice
  • Toux :
    • Souvent le premier symptôme, mais aussi, souvent minimisée (perçue comme une conséquence “normale” du tabac)
    • Peut être intermittente
    • Peut être non productive
    • Peut être absente, malgré une limitation significative des débits
    • Peut être due à autre chose (asthme, cancer, TBK, DDB, défaillance cardiaque, fibrose, cause ORL (rhinite), digestive (RGO) ou médicamenteuse (IEC)) ou être idiopathique (psychogène?)
  • Expectoration :
    • Peut être continue, ou intermittente (lors des exacerbations)
    • Difficile à apprécier avec précision (culture, habitudes, sexe…)
    • En général petite quantité ; si non, penser aux DDB
    • Association faible entre purulence et surinfection
  • Sibilants et oppression thoracique : variables, souvent après l'exercice
  • Autres :
    • Asthénie, perte de poids et anorexie sont habituels chez les BPCO sévères ⇒ facteurs pronostic (mais attention aux diagnostics associés : néo, TBK…)
    • Syncope lors des “crises de toux” possibles
    • Fractures costales (parfois asymptomatiques)
    • Œdème des MI = parfois seul signe d'un CPC
    • Dépression et anxiété à rechercher +++ (fréquents) ⇒ associés à risque plus élevé d'exacerbations

1.2. Histoire médicale

  • Expositions et facteurs de risque (tabac, travaille, environnement)
  • Antécédents médicaux (asthme, allergie, sinusite, polypes nasaux, infections respiratoires dans l'enfance…)
  • Antécédents familiaux de BPCO ou autre maladie respiratoire
  • Histoire du développement des symptômes (dyspnée d'effort, bronchites fréquentes…)
  • Notion d'exacerbations ou d'hospitalisation
  • Comorbidités (cardiaque, ostéoporose, atteintes musculo-squelettiques, néoplasies)
  • Impact sur la qualité de vie (limitation des activités, absentéisme au travail, vie de famille, dépression, performances sexuelles)
  • Cadre socio-familiale
  • Possibilité de réduction des FDR (tabac +++)

1.3. Examen physique

  • Pauvre et non spécifiques, ni sensibles

1.4. Spirométrie

  • Examen objectif de référence pour la mesure de la limitation des débits
  • DEP seul ne peut être utilisé : bonne sensibilité mais spécificité médiocre
  • Critères :
    • Fixe : TVO ⇒ VEMS/CVF < 70% : Peut sur-estimer le diagnostic chez les plus âgés, et sous-estimer chez les moins de 45 ans ⇒ Limite Inférieure de la Normale (LLN)
    • Variable : LLN : calculée sur la base d'une distribution normale, < 5e percentile ⇒ TVO ; dépend de l'utilisation de tables et équations de références validées (pour une population donnée)
    • Z-score : semble plus précis (moins de faux positifs), mais plus d'études (et de reproduction des résultats) sont nécessaires
    • Risque faible de sur-traiter des patients en utilisant le critère fixe (spirométrie n'est qu'un paramètre parmi d'autres) ⇒ GOLD préfère l'utilisation du ration fixe (simplicité, pratique clinique)
  • Répéter la mesure si VEMS/CVF entre 60 et 80%
  • Comparaison pré- et post-bronchodilatation : aucun intérêt (ni pour le diagnostic positif, différentiel (asthme), ni pour prédire la réponse au traitement)
  • Grandes variations dans la fonction respiratoire à travers les pays ⇒ intérêt des études locales

(GOLD 2018)

2. Classification

2.1. Limitation des débits aériens

Classe GOLD 1 : légère GOLD 2 : modérée GOLD 3 : sévère GOLD 4 : très sévère
VEMS ≥ 80% ≥ 50% ≥ 30% < 30%
  • Corrélation faible entre VEMS, symptômes et altération de la qualité de vie ⇒ prendre en compte les symptômes

2.2. Symptômes

  • modified British Medical Research Council (mMRC) :
    • Ne prend en compte que la dyspnée (pas les autres symptômes, l'état général de santé et le risque d'exacerbations)
    • Grade 0 : dyspnée à l'exercice intense
    • Grade 1 : dyspnée à la marche rapide sur terrain plat, ou en pente
    • Grade 2 : dyspnée à la marche sur terrain plat, marche plus lentement que quelqu'un du même age, ou est obliger de s'arrêter pour reprendre son souffle
    • Grade 3 : doit s'arrêter après env. 100 m sur terrain plat, ou après quelques minutes en pente
    • Grade 4 : trop dyspnéïque pour sortir du domicile, ou dyspnée lors de l'habillement/déshabillement
    • mMRC ≥ 2 ⇒ patient symptomatique (même si c'est pas très correcte, car un patient peu dyspnéique peut avoir d'autres symptômes ; mais on garde cette définition vu que le mMRC est très utilisé dans le monde)
  • Valuation plus exhaustive : CAT™ (COPD Assessement Test) :
    • La BPCO ne se résume pas à la dyspnée ⇒ intérêt de méthodes plus complètes et exhaustives
    • CAT ≥ 10 ⇒ patient symptomatique ; CAT < 10 ⇒ patient peu symptomatique
    • Ce test est bien corrélé au teste de référence (St. George's Respiratory Questionnaire (SGRQ)), mais qui est trop complexe pour utilisation quotidienne (SGRQ ≥ 25 ⇒ patient symptomatique)

COPD Assessement Test (GOLD 2019)

2.3. Risque d'exacerbation

  • Exacerbation = aggravation aiguë des symptômes nécessitant un traitement additionnel ; classée en :
    • Légère : SABA
    • Modérée : SABA + antibiotique et/ou corticoïdes
    • Sévère : hospitalisation ou visite aux urgences
  • Facteurs de risque d'exacerbation fréquentes (≥ 2/an) (et de décès) :
    • Antécédent d'exacerbation
    • Stade GOLD (≥ 2)
    • Éosinophilie sanguine (en plus de prédire l'efficacité des CSI)

2.4. Comorbidités

  • Comorbidités souvent associées (age, tabac, alcool, alimentation et sédentarité = FDR communs de plusieurs maladies)
  • Effets systémiques de la BPCO (inflammation, sédentarité, malnutrition, hypoxie)
  • Comorbidités les plus fréquentes : cardiovasculaire, dysfonction de l'appareil locomoteur, syndrome métabolique, ostéoporose, dépression, anxiété, cancer bronchique
  • Elles influencent la mortalité et les hospitalisations de manière indépendantes ⇒ rechercher et prendre en charge +++

2.5. Évaluation combinée

  • Basée sur :
    • Grade spirométrique (GOLD 1-4)
    • Symptômes (mMRC ou mieux, CAT) et notion d'exacerbations ou d'hospitalisations (ABCD)

The refined ABCD assessment tool (GOLD 2018)

  • Si discordance marquée entre symptômes et limitation de débits aériens ⇒ bilan exhaustif pour mieux appréhender la mécanique respiratoire (EFR complètes), les anomalies structurales (TDM) et/ou les comorbidités (cardiaque)
  • Aussi, les symptômes peuvent être sous-estimés par le patient (il s'est adapter à sa dyspnée) ⇒ test à l'exercice (TM6m) peuvent montrer l'ampleur de la symptomatologie

Déficit en alpha-1 antitrypsine : L'OMS recommande le dosage systématique chez les BPCO, surtout dans les zones de haute prévalence. Surtout depuis qu'on sait qu'il existe des formes de découverte tardives.

2.6. Autres investigations

2.6.1. Imagerie

  • Radiographie : pas utile au diagnostic, mais pour exclure d'autres diagnostics et rechercher des comorbidités
  • On peut trouver : distension, hyperclarté…
  • TDM : appréciation de l'emphysème (pré-op surtout) et recherche de DDB et néo

2.6.2. Volumes pulmonaires et capacité de transfert

  • Pléthysmographie corporelle (moins précis : dilution de l'Hélium) ⇒ Piégeage d'air (augmentation du VR) (précoce) ⇒ avec le temps : Distension statique (augmentation de la CPT)
  • Ces mesures aident à apprécier la sévérité, pas ne modifient pas la prise en charge
  • DLCO : informe sur l'impact de l'emphysème (aide à comprendre une dyspnée disproportionnée par rapport au TVO)

2.6.3. Oxymétrie et gaz du sang

  • Surtout chez les patients avec signes d'insuffisance respiratoire et de dysfonction cardiaque droite (indication d'OLD ?)
  • GDS si SpO2 < 92%

2.6.4. Tests d'effort et évaluation de l'activité physique

  • Bon indicateurs de l'état général de santé (qualité de vie), ainsi que prédicteur de mortalité
  • La capacité physique peut s'effondrer dans l'année précédant le décès

2.6.5. Scores composites

  • BODE (Body mass index, Obstruction, Dyspnea, Exercice) : meilleur appréciation de la sévérité et estimation de la survie
  • Besoin de plus d'études et de standardisations avant utilisation en routine

3. Diagnostic différentiel

  • BPCO :
    • Début au milieu de la vie
    • Symptômes lentement progressifs
    • Notion d'expositions
  • Asthme :
    • Début au jeune âge (souvent durant l'enfance)
    • Symptômes variables de jour en jour
    • Symptômes plus intenses durant la nuit et au petit matin
    • Allergie, rhinite et/ou eczéma
    • Antécédents familiaux d'asthme
    • Obésité
  • Insuffisance cardiaque congestive :
    • Images radiologiques
    • Restriction (et non obstruction) aux EFR
  • DDB :
    • Bronchorrhée purulente
    • Infections bactériennes souvent associées
    • Images radiologiques
  • Tuberculose :
    • Tous les âges
    • Images radiologiques
    • Microbiologie
    • Pays endémique
  • Bronchiolite oblitérante :
    • Jeune âge
    • Non fumeur
    • Notion d'arthrite rhumatoïde ou d'exposition intense aux fumées
    • Souvent après transplantation pulmonaire ou de moelle osseuse
    • TDM en expiration : zones hypodenses
  • Panbronchiolite diffuse :
    • Plus souvent patient d'origine asiatique, homme, non fumeur
    • Quasi tous ont une sinusite chronique
    • TLT et TDM HR : nodules centro-lobulaires diffus et distension

Asthme et BPCO : La distinction est souvent impossible avec les techniques actuelles ; on considère que les 2 coexistent.

ACO est plus considérer comme une association des désordres des 2 maladies que comme une entité distincte.


Résumé basé sur le rapport GOLD 2018 - Chapter 2 : Diagnosis and initial assessment

4. Traitement

4.1. Sevrage tabagique

  • Grande influence sur l'histoire naturelle de la maladie
  • Pharmacothérapies :
    • Substituts nicotiniques :
      • Efficacité prouvée (patches, gums)
      • CI : évènement cardiovasculaire récent (IDM, AVC) ; débuter 2 semaines après
      • Boissons acides (café, jus, soda) peuvent interférer avec l'absorption
      • Cigarettes électroniques : pas assez de recule pour les recommander en routine (efficacité controversée, profile de sécurité?)
    • Pharmacothérapies :
      • Varenicline, bupropion, nortriptyline : efficacité prouvée
      • Jamais seuls, mais toujours dans le cadre globale d'un aide au sevrage tabagique
  • Plan d'action 5A :
    • Ask : demander à chaque visite et pour chaque patient s'il fume et combien
    • Advise : conseil minimal, clair, fort et personnalisé
    • Assess : chercher si le patient veut arrêter
    • Assist : aider le patient : conseils pratiques, plan d'action, traitements efficaces
    • Arrange : programmer le suivi (consultation, téléphone)

4.2. Vaccinations

  • Anti-grippale :
    • Réduction significative des exacerbations et hospitalisations
    • En plus de réduire le risque cardiaque ischémique
  • Anti-pneumococcique :
    • Indiqué à partir de 65 ans, et chez le BPCO avec VEMS < 40% ou comorbidités (cardiovasculaire et pulmonaires) à tout âges

4.3. Traitements pharmacologiques de la BPCO à l'état stable

  • Les traitements utilisés :
    • Réduisent les symptômes, la fréquence et la sévérité des exacerbations, améliorent la tolérance à l'exercice et l'état général de santé
    • Aucun ne modifie le déclin de la fonction respiratoire ou la mortalité

4.3.1. Bronchodilatateurs

  • Action sur le muscle lisse bronchique ⇒ amélioration du débit aérien, réduction de la distension (statique et dynamique) ⇒ améliore les performances physiques
  • Courbes dose/réponse plutôt plates : augmentation de dose n'a qu'un effet subjectif sur les symptômes (nébuliseurs lors d'exacerbations), mais pas d'effet objectifs sur la fonction respiratoire, ou sur la maladie à long terme
  • Associer les bronchodilatateurs est meilleur :
    • Effet majoré par rapport à mono-thérapie à forte dose, que ce soit sur les symptômes, l'état de santé et (moins sur, résultats des études variables) les exacerbations (LAMA+LABA > ICS+LABA sur les exacerbations, sauf si éosinophilie sanguine élevée)
    • Réduction des effets secondaires
  1. Béta-2 mimétiques :
    • SABA : 4 à 6h d'effet
    • LABA : 12h ou plus d'effet, sans bloquer l'effet de SABA
      • 2x/j : salmeterol, formoterol
      • 1x/j : indacaterol, oladaterol, vilanterol
    • Effets secondaires :
      • Tachycardies sinusales, déclenche arythmies chez les patients susceptibles
      • Tremblement
      • Hypokaliémie (association avec diurétiques thiazidiques), augmentation de la consommation d'O2 chez les insuffisants cardiaques (effet s'atténuant avec le temps)
      • Diminution légère de la PaO2, sans traduction clinique
  2. Anticholinergiques :
    • SAMA (ipratropium) : légèrement meilleurs que SABA pour la fonction pulmonaire, l'état général de santé et le besoin de CSO
    • LAMA (tiotropium) : en plus d'améliorer les symptômes et l'état général de santé, ils améliorent l'efficacité de la réhabilitation et diminuent les exacerbations
    • Effets secondaires : bon profil de sécurité (tiotropium = mieux étudié)
      • Sécheresse buccale, goût métallique amère
      • Symptômes urinaires occasionnels (pas de preuve de causalité)
  3. Methylxanthines :
    • Effet bronchodilatateur modeste (mécanisme non complétement élucidé) ; potentialise l'effet du salmeterol (plus grande amélioration du VEMS et de la dyspnée)
    • Effet controversé et peu de données concernant les exacerbations
    • Effets secondaires :
      • Index thérapeutique étroit : toxicité dose-dépendante
      • Tachycardie et arythmies (parfois fatales)
      • Crises grand mal épileptique
      • Céphalées, insomnies, nausées, brûlures d'estomac (même à dose thérapeutique)
      • Nombreuses interactions médicamenteuses

Bronchodilatators in stable COPD (GOLD 2018)

4.3.2. Anti-inflammatoires

Anti-inflammatory therapy in stable COPD (GOLD 2018)

4.3.2.1. Corticostéroïdes inhalés

  • In vitro : inflammation de la BPCO peu sensible aux corticoïdes ; cette sensibilité pourrait être potentialisé par béta-2 mimétiques, théophylline et macrolides (pertinence clinique à définir)
  • In vivo : relation dose-réponse et profil de sécurité à long terme (> 3 ans) non claires (besoin de plus d'investigations) ; effet des CSI modulé par la prise concomitante de bronchodilatateurs LDA
  1. CSI seuls :
    • Pas d'effet ni sur le VEMS, ni sur la mortalité
  2. CSI + bronchodilatateurs LDA :
    • Combinaison CSI+LABA plus efficace que CSI ou LABA seuls sur : état de santé, fonction pulmonaire, exacerbations ; mais pas sur la survie (comme tous les autres traitements)
  3. Éosinophilie sanguine : constitue un marqueur prédictif d'efficacité des CSI sur la prévention des exacerbations (à toujours utiliser en combinaison avec la clinique : les exacerbateurs fréquents ont plus de chance d'avoir un bénéfice du traitement CSI) :
    • PNE < 100 ⇒ pas/très peu d'effet
    • PNE > 300 ⇒ effet maximal
  • Effets secondaires :
    • Candidose orale, raucité de la voix et ecchymoses
    • Pneumonies : prévalence élevée, même à faible dose, surtout chez les BPCO sévères
    • Non prouvés : ostéoporose et fractures, diabète, cataracte, TBK…

4.3.2.2. Corticoïdes oraux

  • Lors d'une exacerbation : réduit l'échec du traitement, les rechutes et améliore les symptômes
  • En traitement de fond : aucune place (effets secondaires +++)

4.3.2.3. Inhibiteurs de la Phosphodiesterase-4 (PDE4)

  • Roflumilast : médicament oral en prise unique journalière
  • Réduit le nombre d'exacerbations modérées à sévères chez les patients avec bronchite chronique, BPCO sévère et exacerbateurs
  • Potentialise l'effet des bronchodilatateurs longue durée d'action +/- CSI
  • Effets secondaires :
    • Nombreux (diarrhée, nausées, perte d'appétit, perte de poids, douleurs abdominales, céphalées, perturbation du sommeil)
    • Précautions par rapport à la perte de poids, ne pas utiliser chez le sujet déjà dénutri
    • Précautions chez le patient dépressif

4.3.2.4. Antibiotiques

  • Azithromycine 250 mg/j ou 500 mg 3x/semaine, ou érythromycine 500 mg 2x/j, pendant 1 an, chez les patients exacerbateurs ⇒ réduction du risque d'exacerbation
  • Plus grande incidence de résistance bactérienne et d'altération des tests auditifs
  • Bénéfice moindre chez les fumeurs actifs
  • Pas de données d'efficacité ou de sécurité après 1 an de traitement

4.3.2.5. Mucolytiques (mucokinétique et mucorégulateurs) et anti-oxydants (NAC, carbocystéine)

  • N-acétylcystéine et carbocytéine en prise régulière pourrait avoir un effet sur les exacerbations et (léger) sur l'état de santé
  • Pas assez de données pour préciser la population cible potentielle

4.3.2.6. Autres agents anti-inflammatoires

  • Immunorégulateurs
  • Nedocromil et anti-leukotriènes
  • Anti-TNF-alpha (infliximab)
  • Simvastatine
  • Vitamine D

Pas de preuve d'efficacité

4.3.3. Autres traitements pharmacologiques

  1. Supplémentation en alpha-1 antitrypsine :
    • Pourrait freiner la progression de l'emphysème
    • Coût élevé ⇒ à réserver aux patients avec preuve d'un emphysème progressif ; à discuter au cas par cas
  2. Antitussifs : rôle peu concluant
  3. Vasodilatateurs : pas assez étudiés, pas assez de preuves pour l'instant

4.4. Réhabilitation, éducation et self-management

4.4.1. Réhabilitation respiratoire

  • Définition : “ensemble homogène d'interventions, basées sur une évaluation approfondie et des thérapeutiques finement adaptées au patient, incluant (sans s'y limiter) entraînement à l'exercice, éducation et self-management, conçues pour améliorer la condition physique et psychologique, et pour favoriser l'adhésion à long terme à des comportements bénéfiques.” (traduction approximative personnelle)
  • Pluri-disciplinaire : couvrir tous les aspects de la maladie
  • Patients sélectionnés : selon leurs buts, besoins spécifiques, tabagisme, état nutritionnel, compréhension et capacité de self-management, littératie médicale, état psychologique, statut social, comorbidités, tolérance à l'exercice
  • Programme individualisé
  • Doit durer au moins 6 à 8 semaines
  • Exercices supervisés 2 fois par jour (endurance, résistance, marche, souplesse…)
  • Stratégie thérapeutique la plus efficace sur la dyspnée, la qualité de vie et la tolérance à l'exercice
  • Mais n'est efficace qu'à condition que le patient continue à maintenir une activité physique régulière
  • Convient à tous les stades (même IRC), avec meilleur résultats chez les modérés à sévères
  • Problèmes : accès et logistiques (disponibilité, transport, coût…), ainsi que méconnaissance par les médecins et les patients
  • Réhabilitation à domicile : alternative pouvant être aussi efficace

4.4.2. Éducation et self-management

  • Apprendre l'auto-prise en charge, l'arrêt du tabac, l'utilisation des inhalateurs, réagir devant une exacerbation, quand consulter ⇒ indispensable
  • Plan d'action écrit et négocié entre médecin et malade, sur plusieurs consultations, adapté à chaque patient et à chaque population

4.5. Autres traitements

4.5.1. Oxygénothérapie

  • Augmente la survie des patients IRC avec hypoxie sévère de repos
  • Pas d'effet bénéfique sur les BPCO stable avec hypoxie modérée de repos ou à l'exercice
  • Voyage aérien :
    • Si SpO2 au repos > 95% et lors du TM6m > 84% ⇒ pas besoin d'O2
    • Si non, maintenir PaO2 ≥ 50 mmHg (O2 3 L/min au niveau de la mer, adapter dans les airs)

4.5.2. Assistance ventilatoire

  • Lors des exacerbations (VNI à pression positive) : réduction de la morbidité/mortalité
  • En état stable (CPAP) : amélioration de la survie et réduction du risque d'hospitalisation (ou de ré-hospitalisation après une exacerbation sévère) ; encore plus chez les patients obèses et avec SAOS

4.5.3. Chirurgie

  • Chirurgie de réduction du volume pulmonaire :
    • Réduction de l'hyperinflation ⇒ facilitation du travail des muscles respiratoires et amélioration de l'élasticité ⇒ améliore le flux expiratoire et réduit les exacerbations
    • Augmentation de la mortalité (par rapport au traitement médical) chez les patient avec emphysème sévère, VEMS ≤ 20% et/ou DLCO ≤ 20%
  • Bullectomie : technique ancienne
    • Pas de bénéfice notable, sauf chez les patients avec une grosse bulle sur poumon par ailleurs relativement sain (amélioration de la dyspnée et de la tolérance à l'exercice dans ce cas)
  • Transplantation :
    • Chez des patients sélectionnés, avec BPCO très sévère ⇒ amélioration de la qualité de vie et de la capacité fonctionnelle, sans améliorer la survie

4.5.4. Endoscopie interventionnelle

  • Visent à réduire le volume pulmonaire, en évitant la morbi-mortalitée associée à la chirurgie
  • Différentes techniques :
    • Stent bronchique : inefficace
    • Valve bronchique : résultats variables d'une étude à l'autre
    • Ablation ciblée par vapeur thermale : amélioration cliniquement et statistiquement significative de la fonction pulmonaire et de la qualité de vie, effet secondaire : exacerbation
    • Coils au nitinol : amélioration fonctionnelle et de la qualité de vie, effets secondaires : pneumonie, pneumothorax, hémoptysie et exacerbations (plus fréquents)
  • ⇒ Plus d'études sont nécessaires

Résumé basé sur le rapport GOLD 2018 - Chapter 3 : Evidence supporting prevention and maintenance therapy

5. Indications des traitements

  • Buts du traitement :
    • Réduire les symptômes :
      • Soulager les symptômes
      • Améliorer la tolérance à l'exercice
      • Améliorer la qualité de vie
    • Réduire le risque d'exacerbations futures
      • Prévenir la progression de la maladie
      • Prévenir et traiter les exacerbations
      • Réduire la mortalité

5.1. Expositions et facteurs de risque

  • Systématiques, pour tous les patients
  • Doivent être activement recherché et évaluer à chaque occasion
  • Sevrage tabagique +++
  • Pollution atmosphérique domestique et extérieure : dépend surtout des pouvoirs publics, changements culturels, et de mesures de protection individuelles
  • Expositions professionnelles

5.2. Traitements pharmacologiques

5.2.1. Traitement initial

Algorithme pour l'initiation du traitement chez les nouveaux patients : Modèle pour l'initiation du traitement pharmacologique (GOLD 2019)

  • Groupe A :
    • Bronchodilatateur (LDA ou CDA) ; poursuivre si bénéfice
  • Groupe B :
    • BD-LDA (LDA > CDA) ; choix libre (pas de supériorité d'une classe)
    • Dyspnée sévère (CAT™ ≥ 20) ⇒ envisager association (LABA+LAMA)
    • Toujours évaluer les comorbidités (qui pourraient impacter les symptômes et le pronostic)
  • Groupe C :
    • BD-LDA (LAMA > LABA dans la prévention des exacerbations)
  • Groupe D :
    • Idem groupe B, en favorisant les LAMA (prévention des exacerbations)
    • LABA+ICS si éosinophilie ≥ 300 c/µl ou histoire d'asthme (ACO) ; ICS seulement après avoir bien évaluer le potentiel bénéfice (risque de pneumonie)

5.2.2. Ajustement du traitement

Après l'initiation, le patient doit être suivi et ré-évaluer (objectifs atteints? obstacles?) : Cycle de management et de suivi (GOLD 2019)

  • Review (évaluer) : symptômes et risque d'exacerbation
  • Assess (revoir) : technique, observance, rôle des stratégies non pharmacologiques
  • Adjust (ajuster) : le traitement pharmacologique (escalade/désescalade, switch molécule/dispositif) ; puis à nouveau Review

Le suivi et l'ajustement du traitement est basé sur les symptômes et les exacerbations, et non pas sur le groupe GOLD initial de la maladie : Ajustement du traitement pharmacologique (GOLD 2019)

  • Il est nécessaire de toujours ré-évaluer après une escalade thérapeutique, et envisager un retour en arrière si pas de bénéfice clinique et/ou effet secondaire
  • Envisager également une désescalade si le patient semble avoir besoin d'un traitement moindre, mais toujours sous surveillance étroite
  1. Dyspnée : le patient est toujours dyspnéïque
    • Patient sous 1 BD-LDA :
      • Association ; si pas de bénéfice ⇒ step-down
      • Option : switch molécule/dispositif
    • Patient sous CSI+LABA :
      • Passer à LABA+LAMA, d'autant plus si le CSI n'avait pas sa place (pas de notion d'exacerbations), pas de réponse au CSI ou effet secondaire
    • Toujours :
      • Vérifier la technique d'inhalation
      • Prendre en charge les comorbidités +++
  2. Exacerbations : le patient est toujours exacerbateur
    • Patient sous 1 BD-LDA :
      • CSI+LABA si : notion d'asthme OU 1 EA/an + éosinophilie ≥ 300 c/µl OU 2 EA modérée ou 1 EA sévère/an + éosinophilie ≥ 100 c/µl (CSI on d'autant plus d'effet que le nombre/sévérité des EA est grand)
    • Patient sous LABA+LAMA :
      • CSI+LABA+LAMA si : éosinophilie ≥ 100 c/µl
      • Roflumilast ou Azithromycine si : éosinophilie < 100 c/µl
    • Patient sous CSI+LABA :
      • CSI+LABA+LAMA
      • Ou LABA+LAMA si pas de réponse au CSI ou effet secondaire
    • Patient sous CSI+LABA+LAMA : ajouter
      • Roflumilast : si VEMS < 50% et bronchite chronique, surtout si exacerbation sévère dans l'année (hospitalisation)
      • Macrolide (Azithromycine) : surtout si patient non actuellement fumeur (attention au développement de résistances)
      • Arrêt CSI : surtout si effet secondaire, ou pas d'efficacité ; attention aux patients avec éosinophilie ≥ 300 c/µl ⇒ risque de recrudescence des exacerbations

5.3. Traitements non pharmacologiques

Non-pharmacologic management of COPD (GOLD 2019)

  • Éducation, self-management et réhabilitation :
    • Réduction des complications des exacerbations (ex. hospitalisation)
    • Réhabilitation chez les grade B, C et D (symptomatiques et/ou à risque d'exacerbation)
    • Activité physique = indicateur de mortalité
  • Vaccinations :
    • Anti-grippale recommandée pour tous les patients
    • Pneumococcique : chez tous les > 65 ans, ou les plus jeunes avec comorbidités significatives (cardiopathes notamment)
  • Support nutritionnel
  • Traitement de l'hypoxie :
    • Indication : PaO2 < 55 mmHg ou SaO2 < 88% ou PaO2 entre 55 et 60 mmHg avec défaillance cardiaque droite ou érythrocytose
    • Oxygène en titration pour SaO2 ≥ 90%
    • Évaluation à 2 ou 3 mois :
      • Est-il toujours nécessaire ?
      • Est-il efficace ?
    • Attention aux voyages aériens (possibilité de voir apparaître ou s'aggraver une hypoxie)
  • Traitement de l'hypercapnie :
    • Envisager la VNI
  • Fin de vie et soins palliatifs :
    • Informer et discuter avec le patient et sa famille sur la réanimation et la fin de vie
  • Bronchoscopie interventionnelle et chirurgie

Interventional Bronchoscopic and Surgical Treatments for COPD (GOLD 2019)

6. Surveillance et suivi

  • Maladie progressive, même avec les meilleurs traitements ⇒ surveillance et mesures objectives des symptômes, des exacerbations et de la fonction respiratoire ⇒ savoir quand modifier la prise en charge et dépister les complications et comorbidités qui peuvent apparaitre

6.1. Surveillance de la progression de la maladie et des complications et/ou comorbidités

  1. Fonction respiratoire :
    • Déclin du VEMS : spirométrie au moins une fois par an (+/- mesure de la distension (pléthysmo) et de la DLCO)
    • Capacité fonctionnelle : TM6m ⇒ pronostic ; GDS ⇒ indication d'OLD
  2. Symptômes :
    • À chaque consultation
    • Toux, expectoration, dyspnée, asthénie, limitation des activités, perturbations du sommeil
    • Questionnaires standardisés +++ (CAT)
  3. Exacerbations :
    • Fréquence, sévérité, type et facteur déclenchant (suspecté)
    • Surinfection ou non
  4. Imagerie :
    • Aggravation clair des symptômes, exacerbations répétées avec surinfections fréquentes ⇒ recherche de complications (DDB)
  5. Statut tabagique

6.2. Surveillance des traitements

  • Doses, observance, technique d'inhalation, efficacité, effets secondaires
  • Ajustement continue selon les évolutions

6.3. Comorbidités

  • Doivent être recherchées et dépistées régulièrement
  • SAOS, insuffisance cardiaque, cardiopathie ischémique, arythmies, ostéoporose, dépression, anxiété, cancer bronchique

6.4. Suivi post-opératoire

  • Complications fréquentes en post-chirurgie pulmonaire
  • FDR de complication : tabagisme actif, altération de l'état général, âge, obésité, sévérité de la BPCO
  • Réduire le risque en traitant de façon optimale et intensive le patient en pré-opératoire, et en prenant en compte les comorbidités

Résumé basé sur le rapport GOLD 2018 (MAJ 2019) - Chapter 4 : Management of stable COPD

cours/residanat/pneumologie/diagnostic_et_traitement_des_bpco_en_etat_stable_gold.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:34 de admin@medwiki-dz.com

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