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cours:residanat:pneumologie:corticoides_et_regles_d_utilisation_de_la_corticotherapie

Corticoïdes et règles d'utilisation de la corticothérapie

1. Introduction

  • Puissant effet anti-inflammatoire
  • Indications multiples
  • Effets indésirables multiples

1.1. Propriétés pharmacologiques

  1. Générales :
    • Activité anti-inflammatoire
    • Activité anti-allergique
    • Activité immunosuppresseur
    • Effets métaboliques :
      • Anabolisme glucidique, catabolisme protéique et lipidique
      • Inhibition de l'axe corticotrope
      • Rétention hydrosodée
      • Déminéralisation osseuse
      • Effet stimulant sur le SNC
  2. Inhalés :
    • Effets anti-inflammatoire local important
    • Restaure la sensibilité aux beta-2 mimétiques
    • Peu d'effet systémique aux doses faibles et moyenne

2. Indications

2.1. Asthme

  • Maladie inflammatoire
  • Obstruction par : bronchospasme (efficacité des beta-2 mimétiques) et phénomènes inflammatoires (bien documenté par les biopsies et le LBA) prépondérant lors de l'asthme sévère, et expliquant l'hyper-réactivité bronchique
  • La corticothérapie inhalée a apporté des progrès considérables en terme d'efficacité et de tolérance

2.1.1. Mécanisme d'action des corticoïdes dans l'asthme

  1. Inhibe la synthèse des médiateurs clés de la réaction inflammatoire tardive : les réactions immédiates ne sont classiquement pas influencés ; mais en pratique, chez l'asthmatique, un pré-traitement d'une semaine peut inhiber la réaction immédiate à l'allergène
  2. Effets indirects sur les voies peptidergiques
  3. Action sur les sécrétions glandulaires : l'inhibe, et accélère la clearance mucocilliaire (lutte contre les bouchons muqueux)
  4. Potentialise l'effet des beta-2 mimétiques : augmentation de l'affinité du récepteur

2.1.2. Corticothérapie inhalée dans l'asthme

Dépôt directe sur le site d'action, mais 70-90% reste dans l'oropharynx, puis est dégluti

2.1.2.1. Effets secondaires

  1. Effets secondaires systémiques :
    • Sur le métabolisme osseux : retard de croissance chez l'enfant
    • Études à court terme = retard dose dépendant
    • A long terme = pas d'effet significatif (réduit le recours au corticoïdes systémiques + réduit l'effet freinateur de l'asthme sur la croissance)
    • Sur l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien :
    • Freinage seulement pour des doses de 1,5 mg/j (dose jamais atteinte en pratique)
  2. Effets locaux : (se rincer la bouche)
    • Candidose buccale
    • Atrophie des muscles phonateurs (voix rauque)
    • Asthme sévère ⇒ rapport bénéfice/risque largement acceptable
    • Asthme léger ⇒ pourrait être moins acceptable, surtout chez l'enfant qui sera traité de nombreuses années

2.1.2.2. Modalités de prescription

  • Asthme léger intermittent : pas de corticoïdes inhalés (pas d'obstruction en dehors de la crise)
  • Asthme persistant : 1l existe une inflammation bronchique ⇒ traitement anti-inflammatoire
    • Agents non stéroïdiens : innocuité reconnue, surtout chez l'enfant (cromoglycate disodique (Nédocromil*))
    • Corticoïdes : en cas d'asthme modéré à sévère, ou même léger chez l'adulte

2.1.2.3. Doses préconisés

  • 1 mg/j en moyenne. Grande variations individuelles ⇒ adaptation
  • On peut adopter 2 attitudes :
    • Débuter à dose modérée, puis augmenter en cas de besoin
    • Débuter à doses élevées, puis une fois le contrôle obtenu, réduire progressivement par paliers de 3-6 mois jusqu'à la dose minimale efficace

2.1.2.4. Système d'inhalation

  1. Aérosols-doseurs :
    • Ont révolutionné le traitement de l'asthme
    • Contiennent le principe actif, un gaz propulseur et des adjuvants (stabilité)
    • Nécessitent un bon maniement (synchronisation main-inspiration)
  2. Chambre d'inhalation :
    • Pallient à la difficulté d'utilisation des aérosols-doseurs, mais ne sont pas adaptés à une utilisation ambulatoire
    • Surtout chez l'enfant
  3. Inhalateurs de poudre :
    • Ne contiennent que le principe actif et ne nécessitent pas de synchronisation
    • Prix!
  4. Nébuliseurs :
    • Principe actif dissout dans un véhicule aqueux (sérum physiologique), nécessite de l'énergie (air comprimé ou oxygène) pour générer des gouttelettes qui seront inhalées
    • Utile dans les situation nécessitant des doses thérapeutiques élevées

2.1.2.5. Effets de la corticothérapie inhalée quotidienne

En réduisant l’inflammation :

  • Diminution des symptômes quotidiens
  • Diminution de la réactivité bronchique (teste à la métacholine)
  • Corrige le TVO

Et donc, diminution des hospitalisation pour AAG

2.1.3. Place de la corticothérapie systémique dans l'asthme

  • Indications limités : crises sévères
  • Utiliser les molécules à l'effet anti-inflammatoire maximal, et minéralo-corticoïde minimum (Prednisone, Prednisolone, Methyl-prednisolone)
  • Formes retard déconseillés (inadapté aux caractère variable des symptômes, effets secondaires importants)
  • Si une crise est assez sévère pour nécessiter des corticoïdes par voie générale, 1l faut maintenir un relai inhalé de 4 semaines environ

2.2. Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives

  • Aucun argument ne justifie une corticothérapie au long cours ; en pratique, elle est utilisée dans les formes sévères
  • Quand elle est utilisée, son efficacité clinique doit toujours être évaluer à 15 jours. Si elle est maintenue, elle doit être ré-évaluée périodiquement
  • La corticothérapie inhalée est proposée pour éviter les effets secondaires (potentiellement graves) d'une corticothérapie orale

2.3. Maladies du poumon profond

  • Traitement de première ligne dans les atteintes interstitielles primitives ou secondaires, notamment dans les maladies systémiques
  • La réponse est d'autant plus nette que la composante inflammatoire est importante et la fibrose réduite

2.3.1. Indications

  • Sarcoïdose :
    • Indiquée dans les stades II et III non réversibles spontanément après quelques mois d'évolution, ou avec des signes fonctionnels ou des manifestation extra-pulmonaires sévères (oculaire, cardiaque…)
    • Pas de corticoïdes au stade I
    • Au stade IV, la fibrose est prédominante donc pas de corticoïdes. Mais en pratique, on tente toujours une corticothérapie (persistance de lésions évolutives associées)
  • Pneumopathies d'hyper-sensibilité
  • Certaines vascularites : Wegener, Churg & Strauss
  • Maladie de Carrington
  • Poumon éosinophile : quelle que soit son origine

Dans la fibrose pulmonaire idiopathique, l'efficacité est plus modeste et souvent transitoire. Les éléments prédictifs de réponse favorable sont :

  • Age : jeune
  • Clinique : dyspnée d'effort récente (< 12-18 mois)
  • Imagerie : pas de rayon de miel
  • LBA : prédominance des lymphocytes
  • Biopsie : prédominance de l'inflammation, pas de fibrose

2.3.2. Modalités

  • Dose initiale: 0,5-1 mg/kg/]
  • Le suivi est clinique, radiologique, biologique (LBA) et fonctionnel
  • Si réponse positive : réduction progressive par paliers de 1 à 3 mois, sur une période variable (12-18 mois en général)
  • Parfois, on maintient une dose minimale efficace
  • Résultats variables : taux d'échecs et de rechutes (selon les pathologie)
  • Bolus :
    • Dans les connectivites en poussées (surtout le lupus), les vascularites et les rejets de greffe
    • 3 à 6 mg/kg/j de dexaméthasone, ou 15 à 30 mg/kg/j de méthyl-prednisolone en perfusion pendant 1 à 3 jours
    • Effet immédiat intéressant, mais résultat à long terme comparable à la corticothérapie classique

2.4. Autres indications

2.4.1. Pathologie cancéreuse

Visée symptomatique dans :

  • Lymphangite carcinomateuse
  • Cancer compressifs

2.4.2. Pathologie infectieuse

  • Tuberculose :
    • Adénopathies compressives (primo-infection)
    • Miliaire tuberculeuse dyspnéisante
  • Autres pneumopathie infectieuses, virales ou bactériennes :
    • Dans les tableaux sévères avec SDRA
    • Dans la pneumocystose (forme sévère avec risque de SDRA)

3. Contre-indications

  • Aucune contre-indication si le pronostic vitale est en jeu
  • Contre-indications absolues :
    • Syndrome infectieux non contrôlé (tuberculose) ou virose évolutive (herpès, Zona, hépatite virale)
    • Cirrhose alcoolique avec ascite
    • État psychotique évolutif
  • Contre-indications relatives :
    • HTA, insuffisance cardiaque, ATCD psychiatriques ⇒ surveillance
    • ATCD ulcéreux ⇒ contrôle endoscopique avec la mise sous traitement
    • Diabète ⇒ besoins en insuline augmentés
  • La Grossesse n'est pas une contre-indication (mais favoriserait le RCIU)
  • L'allaitement non plus (si < 40 mg/j)

4. Principaux corticoïdes systémiques

Molécule Produit Activité anti-inflammatoire Dose équivalente
Cortisone Cortisone 1 25 mg
Hydrocortisone Hydrocortisone cp 10 mg, flacon IM 250 mg 1 25 mg
Prednisone
Prednisolone
Cortancyl 1, 5 et 20 mg
Solupred 5 et 20 mg
4 5 mg
5 mg
Méthyl-prednisolone Médrol, solumédrol (IM/IV) 5 4 mg
Triamcinolone Kénacort retard 5 4 mg
Bétaméthasone Célestène PO/IM/IV 25-30 0,75 mg
Dexaméthasone Décadron cp, Soludécadron IM/IV 25-30 0,30 mg
cours/residanat/pneumologie/corticoides_et_regles_d_utilisation_de_la_corticotherapie.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:34 de admin@medwiki-dz.com

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