MedWiki-DZ

Cours et résumés collaboratifs pour Médecins Résidents et Externes

Outils pour utilisateurs

Outils du site


cours:residanat:pneumologie:classification_internationale_des_tumeurs_bronchiques

Classification des tumeurs bronchiques

1. Introduction

2. Lésions pré-invasives

  1. Lésions pré-cancéreuses des carcinomes malpighiens : dysplasies (légère, modérée, sévère), et carcinome in situ
  2. Lésions pré-cancéreuses des adénocarcinomes périphériques : hyperplasie adénomateuse atypique :
    • Prolifération < 5 mm
    • Développée aux dépends de l'unité respiratoire terminale, composée de pneumocystes ou cellules de Clara
    • Colonisant les parois alvéolaires, séparées par des espaces “gaps” ; les parois sont fines ou discrètement fibreuses, peu inflammatoires
  3. Lésions pré-cancéreuses des carcinoïdes : hyperplasie neuroendocrine diffuse idiopathique pulmonaire (DIPNECH)
    • Pathologie interstitielle associant : atteinte bronchiolaire, fibrose et prolifération de cellules neuroendocrines (hyperplasie et multiples tumorlets)
    • Linéaire ou en clusters
    • Souvent associée à des pathologies pulmonaires sous-jacentes (DDB, FPI, abcès, tuberculose)

3. Carcinomes épidermoïdes

  • Tumeur maligne épithéliale
  • Signes de différenciation malpighienne : ponts d'union intercellulaires et/ou synthèse de kératine (globes cornés)
  • Variant : carcinome basaloïde (classé dans 2 chapitres : dans les carcinomes malpighiens : variant basaloïde squameux ; dans les carcinomes à grandes cellules : carcinome basaloïde pur)
    • Plus mauvais pronostic
    • Cellules carcinomateuses de petite taille, d'allure basale, cytoplasme indistinct, sans cadre, noyau allongé, souvent hyperchromatique mais nucléolé
    • Forment des massifs délimités par une assis palissade unique, dont certains sont creusés de globes cornés ou présente des plages de différenciation malpighienne
    • Peut comporter des pseudo-rosettes (30% des cas) ⇒ ressemble à une tumeur neuroendocrine
    • S'accompagne souvent d'un carcinome malpighien in situ étendu

Immunophénotype :

  • TTF1 toujours négatif
  • P63 et P40 massivement exprimés
  • CK5/6 moins intéressants : souvent (faiblement) positifs dans les adénocarcinomes
  • Marqueurs spécifiques neuroendocrines négatifs (intéressant pour différencier une TNE d'un basaloïde)
  • Basaloïdes : CK1/5/10/14, P63, P40 positifs

4. Carcinomes à petites cellules

  • Carcinomes à petites cellules classiques et carcinomes mixtes (contingent à grandes cellules (neuroendocrine ou pas), adénocarcinome ou épidermoïde)
  • Le contingent à petites cellules ⇒ gravité du pronostic
  • Nappes sans limites nettes, avec de fréquentes vastes plages de nécroses
  • Cellules de petite taille, cytoplasme indistinct, noyaux typiques (allongés/ovalaires, hyperchromatiques, sans nucléoles proéminent)
  • Figures de mitoses et corps apoptotiques très nombreux
  • Rarement : pseudo-rosettes ou palissades périvasculaires
  • Ces cellules sont souvent facilement identifiable même sur prélèvement cytologique

Immunophénotype :

  • Marqueurs neuroendocrines : CD56, chromogranine A, synaptophysine
  • TTF1 souvent positif
  • P63 rare
  • Immunohistochimie très utile pour différencier un basaloïde

5. Carcinomes neuroendocrines à grandes cellules

  • Tumeur neuroendocrine de haut grade
  • Architecture organoïde insulaire, trabéculaire, présence de rosettes et de palissades périvasculaires ; avec vastes zones de nécroses aux contours géographiques quasi constantes
  • Cellules de grande taille, chromatine nucléaire vésiculaire ou grossière, nucléole très visible
  • Index mitotique élevé (> 11/mm², 75 en moyenne)
  • Variant : carcinome neuroendocrine à grandes cellules composite ⇒ contingent classique (adénocarcinome, épidermoïde, voir carcinome sarcomatoïde)
  • Si contingent de carcinome à petites cellules > 10% de la tumeur ⇒ carcinome à petites cellules composite

Immunophénotype :

  • Marqueurs neuroendocrine : au moins 1 des 3 doit être exprimé par au moins 50% des cellules
  • TTF1 positif dans 50% des cas
  • CK1/5/10/14 toujours négatifs

6. Adénocarcinomes

  • Adénocarcinome in situ :
    • Strict respect de l'armature alvéolaire sous-jacente
    • Prolifération de cellules de Clara ou pneumocystes II, colonisant les parois alvéolaires, sans les infiltrer = architecture lépidique
    • Toujours < 3 cm, stade I (Tis) ; jamais de métastases ganglionnaires, survie à 5 ans = 100%
  • Adénocarcinome mini-invasif :
    • Architecture lépidique majoritaire, avec foyer d'invasion ne dépassant pas 5 mm = zone de destruction architecturale, et fibroblastes jeunes au contact des cellules tumorales
    • Cellules de plus grande taille, cytoplasme plus abondant, irrégularités nucléaires
    • Ébauches de structures acinaires fréquentes
    • T1mi ; survie à 5 ans = 100%
  • Adénocarcinome invasif :
    • Notion d'architecture prédominante (implique un échantillonnage important de la tumeur pour évaluer les pourcentages des sous-types architecturaux)
    • Architectures : lépidique, acinaire, papillaire, solide, et micropapillaire (nouveau sous-type : petits amas tumoraux formant des pseudo- ou micropapules flottant dans les lumières alvéolaires) ; les 2 dernières sont de plus mauvais pronostic
  • Adénocarcinome mucineux invasif :
    • Plutôt chez les fumeurs (45%), moins souvent chez les femmes (58%)
    • Fréquemment multifocal ou pseudo-pneumonique
    • Emboles intravasculaires lymphatiques quasi systématiques
  • Autres (rares) : colloïdes, fœtaux (haut et bas grade), entériques

Immunophénotype :

  • TTF1 :
    • Très important dans les tumeurs lépidiques
    • Intensité modérée à forte dans 80% des acinaires et papillaires
    • Bien plus rares dans les micropapillaires, solides, colloïdes et invasifs mucineux (expression intense dans seulement 20-30% des cas)
  • CK7 souvent positif ; CK20 parfois seulement pour les micropapillaires, solides, colloïdes et invasif mucineux
  • P63 possible (focal ou parfois plus diffus) surtout si ALK transloqué (30-50% de la population), mais intensité relativement faible
  • P40 plus restreint aux malpighiens ⇒ plus discriminant pour les différencier (ADK-épidermoïde)

Génotype :

  • Japon :
    • EGFR : plus souvent dans les ADK in situ, lépidique prédominant (mini-invasifs et papillaires)
    • KRAS : acinaires, solides et surtout dans 100% des mucineux invasifs
  • Caucasiens :
    • EGFR : 8-15%, plutôt femme non fumeuse
    • KRAS : 20-30%, plutôt fumeur

7. Carcinomes à grandes cellules

  • Individualisable sur pièce opératoire uniquement (sur biopsie, seul le diagnostic de CBNPC est autorisé en l'absence de différenciation)
  • Cellules de grande taille, cytoplasme souvent abondant, éosinophile, parfois clarifié, noyau arrondi, nucléolé
  • Réalise des massifs pleins
  • Par définition : pas de différenciation malpighienne (ponts et globes cornés), neuroendocrine (architecture organoïde) ou glandulaire (pas de structures acinaires, papillaires ou micropapillaires, colorations au bleu ALCIAN ou PAS Diastase négatives)

Immunophénotype :

  • TTF1 et P40 négatifs
  • Si positifs, on propose “CBNPC dont le phénotype oriente vers une différenciation glandulaire/malpighienne”

8. Tumeurs carcinoïdes

  • Entrent dans le spectre des proliférations neuroendocrines (de hyperplasie NE diffuse aux tumorlets (petits carcinoïdes < 5 mm) aux carcinoïdes)
  • Typique (2% des tumeurs pulmonaires) et atypiques (0,2%)
  • Patient généralement jeunes (45-50 ans), hommes ˜ femmes
  • Pas d'influence du tabac
  • Syndrome carcinoïdiens et de Cushing dans 2% des cas
  • Endoscopie : bourgeon endobronchique
  • Cellules neuroendocrines de taille moyenne, ovalaires, cytoplasme parfois éosinophile ou oncocytaire, noyaux à chromatine souvent plasmocytoïde, atypies généralement rares
  • Disposées en cordons ou en nids (architecture “organoïde”), nombreuses pseudo-rosettes
  • Réseau vasculaire très développé et palissades péri-vasculaires
  • Distinction typique/atypique :
    • Nécrose focale et/ou mitoses (entre 2 et 10/10 champs à 400x) ⇒ atypique
    • Index de prolifération Ki-67 (non encore totalement validé) : typique < 5%, atypique entre 5 et 20%

Immunophénotype :

  • Marqueurs neuroendocrines (synaptophysine, chromogranine A et CD56) positifs (expression diffuse et intense, parfois plus faibles dans l'atypique)
  • Pancytokératines positives dans 80% des cas (mais 20% sont négatifs, surtout ceux à cellules fusiformes)
  • TTF1 positif dans 30% des cas (mais de façon faible et focale), surtout pour les périphériques et les fusiformes
  • CK7 positifs dans 22-63% des cas
  • Récepteurs aux oestrogènes positifs dans 50% des cas

9. Carcinomes sarcomatoïdes

  • Tumeur rare (1% des cancers du poumon)
  • Nécessite un échantillonage large de la tumeur pour identifier les contingents (carcinomateux et sarcomateux) ; ne peut qu'être évoquer sur une biopsie
  • Définition : CBNPC avec contingent sarcoma-like ou authentique composante sarcomateuse (os, cartilage ou muscle strié)
  • Touche surtout l'homme, entre 60-70 ans, fumeur (sauf blastome : plus jeune (40 ans))
  • Exposition à l'amiante parfois rapportée
  • Tumeur volumineuse, périphérique, envahissement pariétal, emboles vasculaires
  • Métastases fréquentes, faible réponse thérapeutique ⇒ pronostic redoutable (survie à 5 ans = 20% tous stades confondus)
  • Carcinome pléiomorphe :
    • CBNPC + contingent à cellules fusiformes ou géantes
    • Chaque contingent doit représenter au moins 10% de la tumeur
  • Carcinosarcome :
    • CBNPC + contingent sarcomateux (par ordre de fréquence : rhabdomyosarcome, ostéochondrosarcome, ostéosarcome)
  • Blastome pulmonaire :
    • Tumeur biphasique : adénocarcinome de type foetal + contingent mésenchymateux (rhabdomyosarcomateux, ostéosarcomateux ou chondrosarcomateux)

Immunophénotype :

  • Marqueurs épithéliaux souvent positifs sur le contingent fusocellulaire (AE1/AE3, CAM 5.2, CK18, CK7, EMA, Ber-EP4, CD15)
  • TTF1 positif dans 40% des cas sur la composante fusocellulaire des carcinomes pléiomorphes
  • Marqueurs musculaires lisses peuvent être focalement positifs dans le contingent fusocellulaire
  • Ac anti-PS100, anti-desmine et anti-myogénine peuvent confirmer la composante sarcomateuse hétérologue dans les carcinosarcomes

Classification antomo-pathologique des tumeurs pulmonaires (OMS 2015 - extrait) :

  1. Adénocarcinomes :
    • Lépidique
    • Acinaire
    • Papillaire
    • Micropapillaire
    • Solide
    • Invasif Mucineux
      • Invasif mixte mucineux
      • Invasif mixte non-mucineux
    • Colloïde
    • Foetal
    • Entérique
    • Avec invasion minime (mucineux et non-mucineux)
    • Lésions pré-invasives
      • Hyperplasie adénomateuse atypique
      • Adénocarcinome in situ (mucineux et non-mucineux)
  2. Carcinomes malpighiens (ou épidermoïdes) :
    • Kératinisant
    • Non kératinisant
    • Basaloïde
    • Lésion pré-invasive
      • Carcinome malpighien in situ
  3. Tumeurs neuroendocrines :
    • Carcinome à petites cellules
      • CPC composite
    • Carcinome neuroendocrine à grandes cellules
      • CNEGC composite
    • Tumeurs carcinoïdes
      • Typique
      • Atypique
        • Lésion pré-invasive
          • Hyperplasie neuroendocrine diffuse pulmonaire idiopathique
  4. Carcinome à grandes cellules
  5. Carcinomes adénosquameux
  6. Carcinomes sarcomatoïdes :
    • Carcinome pléiomorphe
    • Carcinome à cellules fusiformes
    • Carcinome à cellules géantes
    • Carcinosarcome
    • Blastome pulmonaire
Résumé de l'immunohistochimie
Marqueur ADK Epidermoïde CPC N.E. à G.C. Carcinome à G.C. Carcinoïde Sarcomatoïde
TTF1 +++ toujours - Souvent + 50% -(*) 30% (faible et focal) 40% (pléimorphe)
P63 possible (si ALK) +++ rare ? ? ? ?
P40 toujours - +++ ? ? -(*) ? ?
CK5, CK6 +/- +/- ? - ? ? ?
CK7 souvent + ? ? ? ? + (22-63%) + (contingent fusiforme)
CK20 rare (surtout les mauvais pronostic) ? ? ? ? ? ?
N.E. (CD56, chromogranine A, synaptophysine) - (sauf basaloïde) - + +(**) - + (parfois plus faible dans l'atypique) ?
Marqueurs muscle lisse ? ? ? ? ? ? possible
Ac anti-PS100, anti-desmine, anti-myogénine ? ? ? ? ? ? confirme la nature sarcomateuse

(*) si un est positif ⇒ CBNPC dont le phénotype oriente vers une différenciation glandulaire/malpighienne
(**) au moins 1/3, chez au moins 50% des cellules


Résumé basé sur S. Lantuejoul. Classification anatomopathologique des cancers pulmonaires et de leurs prénéoplasies. Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 346-357.

cours/residanat/pneumologie/classification_internationale_des_tumeurs_bronchiques.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:34 de admin@medwiki-dz.com

Sauf mention contraire, le contenu de ce wiki est placé sous les termes de la licence suivante : CC0 1.0 Universal
CC0 1.0 Universal Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki