cours:residanat:pneumologie:cancers_secondaire_broncho-pulmonaires
Table des matières
Cancers bronchopulmonaires secondaire
1. Définition
- Localisation métastatique pulmonaire d'un cancer d'un autre organe
- Représente 20 à 30% de toutes les métastases
- Les plus fréquents = carcinomes : sein, colon, pancréas, estomac, rein et mélanomes malins
2. Intérêt
- Fréquente : 2e localisation métastatique après le foie
- Diagnostic : facile quand le primitif est connu, difficile dans le cas contraire (reconnaitre le caractère métastatique, préciser le primitif)
- Thérapeutique : pose problème
3. Anatomie pathologique
- Moyen de prélèvement selon la présentation :
- Lymphangite ⇒ prélèvements multiples (biopsies étagées d'éperons, transbronchique, LBA)
- Nodule périphérique ⇒ biopsie transthoracique
- Macroscopie : soit :
- Nodules multiples, arrondis, bien limités, sous-pleuraux, prédominant aux lobes inférieurs
- Nodule unique
- Nodule kystique
- Infiltrat pneumonique (localisé ou plurifocal)
- Lésions interstitielles (réticulo-nodulaires septales, péribronchiques, centrolobulaires = lymphangite carcinomateuse)
- Masse bronchique proximale
- Masse endobronchique
- Miliaire carcinomateuse
4. Physiopathologie
Modes de dissémination :
- Migration systémique de cellules tumorales :
- Fréquente chez les malades cancéreux, mais ne donne que rarement de greffe tumorale (les cellules se désintègrent)
- En cas de migration massive, on peut avoir une HTAP (tableaux de CPA ou CPC)
- Lymphangite carcinomateuse :
- Différents mécanismes :
- Migration par voie lymphatique transdiaphragmatique
- Reflux de cellules par voie rétrograde par le canal thoracique et les ganglions médiastinaux
- Migration hématogène puis pénétration secondaire dans les lymphatiques
- Il en résulte une oblitération et une dilatation des lymphatiques
- Greffe tumorale endovasculaire :
- Lésions qui prolifèrent dans la lumière des vaisseaux pulmonaires
5. Diagnostic
Multiples problèmes diagnostiques :
- Confirmer la nature métastatique (positif/différentiel)
- Rechercher le cancer primitif (étiologique)
5.1. Diagnostic positif
- Images nodulaires :
- Clinique : non spécifique (signes fonctionnels respiratoires, signes généraux), parfois asymptomatique (surtout si nodule unique)
- Radiologie : TDM plus sensible que TLT
- Nodules de taille variable, bilatérales le plus souvent (aspect en lâcher de ballons)
- Contours le plus souvent nets, parfois spiculés
- Homogènes le plus souvent, parfois hétérogènes (excavations, calcifications)
- Épanchements (liquidien/aérien) parfois associés
- Moyens diagnostiques :
- Fibroscopie : multiplier les techniques de prélèvements et les prélèvements ⇒ rendement accru
- Biopsie transthoracique : bonne sensibilité et spécificité (80-90%) ; complications connues, variables mais le plus souvent pas fréquentes (PNO+++, hémoptysies), les plus graves sont exceptionnelles (embolies gazeuses, essaimage néoplasique)
- Adénopathies :
- L'atteinte ganglionnaire médiastinale est beaucoup moins fréquente que l'atteinte parenchymateuse ; associées dans 40% des cas
- Surtout : cancers génito-urinaire, ORL, mammaire ou mélanomes
- Quand atteinte pulmonaire associée, le diagnostic est souvent facile (fibroscopie)
- Quand atteinte ganglionnaire isolée : biopsie transthoracique impossible, biopsie transbronchique peut être négative ⇒ médiastinoscopie, voir thoracotomie exploratrice (si territoires non accessibles à la médiastinoscopie)
- Lymphangite carcinomateuse :
- Surtout : cancers gastrique, pancréatique, prostatique, mammaire et bien sure bronchique
- Clinique : dyspnée +++, toux, douleurs thoraciques
- Radiologie : syndrome interstitiel (+/- épanchement, ADP), souvent bilatéral, diffus, intense
- EFRs :
- Syndrome restrictif, diminution de la compliance
- Hypoxémie de repos quasi constante, plus en rapport avec des inégalités locales du rapport V/Q qu'à une altération de l'échangeur
- DLCO le plus souvent normale
- Diagnostic :
- Fibroscopie : biopsies bronchiques et transbronchiques positives dans 70% des cas (> brossage) ; le LBA oriente le diagnostic (cytologie)
- Métastases bronchiques :
- Atteinte d'une bronche par contiguïté à partir d'une lésion néoplasique périphérique ou d'un adénopathie tumorale
- Atteinte bronchique proximale possible ⇒ simule en tout points un cancer bronchique primitif
- Diagnostic : fibroscopie + biopsies (dans la quasi-totalité des cas)
- Embolies tumorales :
- Soit extension endovasculaire de tumeurs, ou obstruction par des débris tumoraux
- Peut être macroscopique ou microscopique
- Peut être isolée, ou associée à une embolie fibrino-cruorique
- Cancers les plus en cause : foie, rein, sein, estomac, mais aussi choriocarcinomes, adénocarcinomes bronchiques, vessie, pancréas, côlon, mésothéliome, sarcome…
- Clinique : peut être identique aux embolies fibrino-cruoriques : HTAP d'aggravation progressive sub-aiguë (quelques jours)
- Diagnostic : scintigraphie de V/Q, angiographie, LBA ne peuvent le plus souvent pas confirmer la nature métastatique ; le diagnostic ne peut être affirmer que sur biopsie pulmonaire (le plus souvent à l'autopsie)
- Cancers bronchiolo-alvéolaires métastatiques :
- Cancers les plus en cause : pancréas, côlon, sein, estomac, rein
- Images floues, mal limitées, bilatérales, bronchogramme aérien ⇒ tout est comparable à un CBA primitif
- La cytologie seule ne suffit pas au diagnostic
5.2. Diagnostic différentiel
- Nodules pulmonaires : tuberculose, Wegener (excavation), kystes hydatiques, nodules rhumatoïdes, sarcoïdose pseudotumorale, granulomatose lymphomatoïde
- Opacité ronde périphérique isolée : cancer primitif, carcinoïde, hamartochondrome, tuberculome, kyste hydatique
- Opacité excavée : abcès, tuberculose, kyste hydatique rompu ; le tabagisme modifie les diagnostics évoqués en premier : néo bronchique + nodule controlatéral (méta/2e néo?), néo VAS + nodule (méta/néo primitif?)
- Adénopathies médiastinales : sarcoïdose, LH, LMNH, tuberculose (immunodéprimé)
- Pneumopathie interstitielle : silicose, asbestose, granulomatose (sarcoïdose, histiocytose X), pneumopathie d'hypersensibilité, maladie auto-immune (connectivite, vascularite)
- Si cancer déjà connu et traité : pneumopathie médicamenteuse (chimiothérapie), post-radique, infectieuse
- Embolie tumorale : embolie cruorique, HTAP primitive
- Métastases bronchioloalvéolaires : différentiel purement histologique
5.3. Diagnostic étiologique
- Les principaux cancers sont (par ordre de fréquence) : sein (40%), tube digestif, appareil uro-génital, ORL, thyroïde, sarcome
5.3.1. Tableaux cliniques selon le primitif
…
5.3.2. Conduite à tenir : recherche de primitif
- Toujours orienté par les signes d'appel cliniques +++. Si non :
- Tumeur glandulaire ou indifférenciée :
- Faible rendement des techniques d'imagerie + tumeurs souvent petites + pronostic souvent sombre ⇒ le nombre d'investigation entreprises est souvent limité
- Sein, prostate, thyroïde, ovaire, tumeur germinale, colon
- Échographie thyroïdienne, prostatique et pelvienne, mammographie, colonoscopie pour certains, marqueurs tumoraux (AFP, B-HCG, énolase neuronospécifique, PSA)
- Tumeur épidermoïde :
- La plupart du temps la tumeur est identifiée (70%) : ORL, haut œsophage, bronchique
- Enquête étiologique simple : ORL, fibroscopie digestive et bronchique
- Cancers à petites cellules et tumeurs carcinoïdes :
- CPC : primitif souvent bronchique +++ ; rares : glandes salivaires, œsophage, vésicule biliaire
- Pas de primitif identifié ⇒ mise en route d'une chimiothérapie efficace dans le CPC bronchique
- Carcinoides : primitif souvent bronchique ou gastro-intestinal
- Pas de primitif identifié ⇒ traitement optimal doit être entrepris (car possibilité de longue survie)
6. Traitement
6.1. Moyens
- Chirurgie : se justifie pour 3 raisons :
- Progrès de la réanimation ⇒ morbidité et mortalité péri-opératoire acceptable (1-3%)
- Peut être la seule alternative valable pour certaines tumeurs
- Permet de corriger le diagnostic dans certains cas (une masse pulmonaire chez un cancéreux n'est pas forcément une métastase)
- Chimiothérapie :
- Objectif principal : améliorer la qualité de vie (diminution des symptômes)
- Hormonothérapie :
- Sein et prostate ⇒ traitement de base
- Effets secondaires relativement réduits
- Radiothérapie :
- Utilisation limitée car lésions souvent multiples, volumineuses, et risque de fibrose
- Indications principales : métastases compressives (trouble de ventilation), douleur (paroi thoracique, sommets), lymphangites segmentaires (visée symptomatique fonctionnelle)
- Curithérapie par iridium 192 endobronchique : désobstruction durable dans 80% des cas
6.2. Indications
- Cancer du sein :
- Traitements hormonaux : tamoxifène (produit de référence), progestatifs semi-synthétiques, aminogluthétimide, analogues de LH-RH, androgènes
- Chimiothérapie : tous les agents cytotoxiques sont efficaces
- Chirurgie : peu d'études, se discute surtout devant les métastases uniques
- Cancers de l'utérus : chirurgie encourageante, chimiothérapie peu efficace
- Cancers de l'ovaire : chimiosensible (sel de platin + cyclophosphamide = référence)
- Cancers des testicules :
- Métastases fréquentes (pulmonaires ++), surtout les non séminomateuses
- Grande chimiosensibilité : PVB (platine, vinblastine, bléomycine) ⇒ 70% des réponse complète dans les tumeurs non séminomateuses métastatques
- Chirurgie pour les formes chimiorésistantes ou à visée histologique
- Cancers de la prostate : hormonothérapie : diéthylstilbestrol (DES), analogues de LH-RH
- Cancers colo-rectaux : chimiothérapie à base de 5FU-acide folinique + chirurgie de la métastase
- Sarcomes :
- Sarcomes des parties molles : plusieurs chimiothérapies, notamment en association sont efficaces :
- CYVADIC (cyclophosphamide, vincristine, adriamycine, dacarbazine ou DTIC) = référence, 41% de réponse
- MAID (mesna, adriamycine, ifosfamide et DTIC) = plus récente, 43% de réponse
- Ostéosarcomes :
- La plupart des auteurs propose une chirurgie systématique de toute métastase pulmonaire (RCP)
- La chimiothérapie est également très importante (survie à 5 ans de 41%, alors que 0% avec chirurgie seule)
- Cancers du rein : chimiothérapie inefficace ⇒ chirurgie (survie à 5 ans = 13-50%, médiane = 23-33 mois)
- Cancers thyroïdiens :
- Adénocarcinomes bien différenciés :
- Tumeurs fonctionnelles, croissance lente
- Captent l'iode, sensibles à l'action de la TSH
- Scintigraphie à l'iode 131 ⇒ déceler les localisations tumorales
- Les métastases fonctionnelles peuvent être contrôlées par l'administration d'iode 131 (détruit le tissus tumoral) ; les autres (non fonctionnelles) peuvent être réséquées (du fait de leur croissance lente)
- Après ablation ou réponse complète à l'iode 131 ⇒ traitement hormonal (bloquer la sécrétion de TSH)
- Chimiothérapie inefficace
- Carcinome indifférenciés (5% des cas) :
- Très mauvais pronostic : survie de 10% à 1 an, 0% à 2 ans (médiane = 4 mois) quelque soit l'extension initiale
- Très peu sont diagnostiqués à un stade opérable
- Irradiation utile pour les formes localement avancées
- Chimiothérapie : résultats médiocres ; sauf adriamycine seul (30% de réponse)
- Cancers de la tête et du cou :
- Chirurgie : survie à 5 ans de 40%
- Chimiothérapie : MTX = référence (30% de réponse) ; les autres : platine (semblable à MTX), bléomycine, 5FU, mitomycine C, cyclophosphamide, adriamycine
- Origine indéterminée :
- Souvent, c'est patients multi-métastasés avec AEG profonde
- Les résultats sont en général médiocre, mais les progrès (nouvelles thérapeutiques) poussent à caractériser précisément la tumeur
7. Conclusion
- RCP +++
- Histologie indispensable avant toute thérapeutique agressive
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