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cours:residanat:pneumologie:asthme_aigu_grave

Asthme aigu grave

1. Définition

  • Épisode aigu, crise inhabituelle, menace le pronostic vital à court terme par obstruction bronchique majeur ⇒ doit être reconnue et traitée immédiatement
  • 3 aspects :
    • Clinique : crise intense, signes de détresse, résiste au traitement usuels
    • Gazométrie : hypoventilation alvéolaire relative (normocapnie) ou absolue (hypercapnie)
    • Fonctionnel : obstruction majeur (DEP < 30%)

2. Facteurs de risque

  1. Conditions socio-économiques :
    • Précarité, milieu défavorisé, difficulté d'accès aux soins
  2. Histoire de l'asthme :
    • ATCD d'intubation
    • >= 2 hospitalisations ou consultations aux urgences l'année précédente
    • Hospitalisation ou consultation aux urgences le mois précédent
    • Pneumothorax ou pneumomédiastin
    • Maladie cardiaque ou respiratoire sévère associée
    • Plus de 2 flacons par mois de SABA
    • Corticothérapie orale au long cours ou sevrage récent
    • Intolérance à l'aspirine et aux AINS
  3. Facteurs socio-psychologiques :
    • Affection psychiatrique, déni de la maladie
    • Mauvais suivi, mauvaise observance, Corticophobie
    • Tabagisme
    • Mauvaise perception des symptômes
  4. Traitement de fond insuffisant :
    • En particulier les CSI et les CSO lors des exacerbations

3. Facteurs déclenchant

  • Arrêt du traitement
  • Asthme médicamenteux
  • Exposition massive à un allergène
  • Choc émotionnel
  • Infection des VAS, bronchite, stomatologique

4. Physiopathologie

  • Bronchospasme :
    • Ne peut être brutal et intense que sur des bronches déjà sévèrement rétrécies par une inflammation préalable
    • Souvent secondaire à une exposition massive à des allergènes, à un irritant (tabac), infection ou choc émotionnel
    • Peut suffire (avec l'hypersécrétion et l’œdème) à obstruer 50 à 95% des VA (des petites bronches ou segmentaires)
  • Distension : empêche la bronchoconstriction et permet la survie (ventilation)
    • Permet de ré-ouvrir une partie des VA et provoque un collapsus bronchiolaire expiratoire ⇒ trapping ⇒ augmentation du VR et de la CPT
  • Recrutement des muscles inspiratoires (SCM) ⇒ forte dépression intrathoracique ⇒ tirage (sus-sternal, sus-claviculaire et intercostal)

Conséquences de cette hyperinflation :

  • Détresse respiratoire :
    • Fermeture de nombreuses VA ⇒ zone hypo-/non-ventilées ⇒ effet shunt majeur brutal ⇒ hypoxie, souvent sévère et soudaine (PaO2 peut descendre à moins de 30 mmHg en quelques minutes)
    • Fatigue musculaire ⇒ réduction de distension ⇒ fermeture des VA ⇒ effondrement de la ventilation (acidose respiratoire)
  • Détresse circulatoire :
    • Sur-distension pulmonaire ⇒ compression des capillaires alvéolaires ⇒ HTAP = augmentation de la post-charge du VD

5. Clinique

5.1. Examen clinique

  • L'inspection suffit le plus souvent :
    • Agitation, anxiété
    • Difficulté ou impossibilité à parler
    • Polypnée > 30/mn et position assise penché en avant
    • Contraction du SCM (témoin d'une obstruction majeur avec VEMS < 25%)
    • Sueurs, orthopnée ⇒ hypercapnie
    • Cyanose (rare, tardive)
  • DEP :
    • Systématique, dès que possible
    • < 30% ou < 150 L/mn ⇒ gravité
  • Signes hémodynamiques :
    • Tachycardie > 120 bpm
    • Mesure du pouls paradoxal : aucune utilité

Cyanose, troubles de conscience, pauses respiratoires = signes d'extrême urgence = arrêt respiratoire imminent

5.2. Examens complémentaires

  • SaO2 et gaz du sang :
    • Inutile quand DEP > 200 L/mn ou 40%
    • Peut être différé si SpO2 >= 92% et aucun critère de détresse respiratoire
    • Systématique en cas de crise inhabituelle à l'arrivée ou d'aggravation sous traitement :
    • Le plus souvent hypoxie légère à modérée avec alcalose respiratoire
    • Acidose respiratoire = signe de gravité (PaCO2 > 50 mmHg = arrêt respiratoire à craindre)
    • Acidose lactique (métabolique) souvent associée
  • Radiographie thoracique :
    • Systématique
    • Recherche complication ou facteur déclenchant (PNO, pneumo-médiastin, pneumonie)
    • Distension, épaississement des parois bronchiques, atélectasies en bande (bouchon muqueux)
  • ECG :
    • Tachycardie sinusale
    • Rarement des signes de CPA (S1Q3, rotation droite, troubles de la repolarisation en antérieur, onde P pulmonaire)
  • Autres :
    • FNS, hémoculture, radio des sinus, sérologie aspergillaire, TDM…

6. Formes d'AAG

  1. Asthme instable : ou exacerbation persistante
    • Répétition de crises de moins en moins sensibles aux SABA (inflammation constante)
    • Critères d'asthme instable :
      • Augmentation de la fréquence des crises
      • Retentissement sur les activités
      • Moindre sensibilité aux SABA
      • Aggravation progressive de l'obstruction (DEP)
      • Grande variabilité diurne du DEP (> 30%)
  2. Crise d'aggravation rapide en 24h
  3. Asthme sur-aigu :
    • Crise asphyxiante, rapide (3h)
    • Sujet jeune (< 30 ans)
    • Inflammation minimale, bronchospasme prédominant (conflit, stress, médicament, exposition massive)

7. Traitement

  • Urgence médicale ⇒ hospitalisation en USI ou en milieu spécialisé
  • Traitement à débuter le plus tôt possible (au domicile, aux urgences)

7.1. Buts

  • Levée rapide de l'obstruction bronchique pour soulager et éviter le décès

7.2. Moyens

  1. Oxygénothérapie :
    • Quand SaO2 < 92-90%
    • Objectif : > 90% (> 95% femme enceinte et cardiopathie associée)
  2. Bronchodilatateurs :
    • Béta-2 agonistes :
      • Traitement prioritaire
      • Plus puissant et plus rapides
      • Index thérapeutique élevé ⇒ fortes doses possibles
      • Effet quasi immédiat (80% de l'effet maximal après 5 mn)
      • Effet dose dépendant ⇒ augmentation de la dose pour meilleur effet
      • Voie inhalée +++ (nébulisation) : 2 à 3 nébulisations de 5 mg de salbutamol ou 10 mg de terbutaline, véhiculée par l'oxygène = traitement de référence de l'AAG en pré-hospitalier
      • Voie IV peut être associée à la voie inhalée dans les cas les plus graves
      • Voie SC également très efficace (0,5 mg de salbutamol ou terbutaline)
    • Adrénaline : en réanimation pour certaines formes graves
    • Anticholinergiques :
      • Moins puissants et moins rapide que les SABA (15 à 20 mn)
      • Il existe des arguments pour un bénéfice de l'association avec les SABA (malgré certains résultats contradictoires)
    • Théophylline : En 2e ligne à cause des effets secondaires
  3. Corticoïdes :
    • Systémiques :
      • Réduisent la durée des exacerbations sévères, diminuent le recours à l'hospitalisation et la morbidité liée à l'asthme
      • Effet retardé : 3 à 4h (max 6 à 8h), quelque soit le mode d'administration (per os ou IV)
      • Effet anti-inflammatoire puissant, potentialise l'effet des SABA
      • 60 à 80 mg initialement, puis 120 à 180 mg/j les 48 premières heures
      • Rôle essentiel dans la prévention des rechutes dans les semaines qui suivent : 0,5 mg/kg/j pendant 10 jours ⇒ contrôle de l'asthme et reprise de la fonction pulmonaire optimale en 2 à 3 semaines
    • Inhalés :
      • Pas d'intérêt dans l'AAG (réservé au traitement de fond)
  4. Autres :
    • Traitement du facteur déclenchant (pneumonie, pneumothorax…)
    • Hydratation : correction de l'hypovolémie, fluidification des secrétions bronchiques
    • Apport potassique (SABA hypokaliémiant) : 4 à 6 g de KCl/24h

7.3. Modalités

  1. Au domicile (immédiatement) :
    • SABA inhalé et/ou SC : ventoline 2 bff/3 à 5 mn (jusqu'à 20 bff) en chambre d'inhalation et/ou Bricanyl 0,5 mg SC
    • Corticoïdes systémiques : solupred 60 mg per os ou solumédrol 60 à 80 mg IV
  2. Traitement hospitalier ou pré-hospitalier médicalisé :
    • Oxygénothérapie pour SaO2 > 90%
    • SABA en nébulisation à travers un masque à O2
    • Corticoïdes : solumédrol IV /8h
    • Anticholinergiques associés aux SABA

7.4. Surveillance et évolution

La surveillance est surtout clinique : conscience, FC, FR, DEP, dyspnée et signes de lutte, SpO2, tolérance neuropsychique, autres (tremblements, kaliémie).

En cas de non réponse, on poursuit les nébulisations et :

  • SABA en IV : salbutamol 0,5 mg/h, doubler la dose chaque 15 mn si nécessaire
  • Théophylline : 6 mg/kg en 20 minute puis 0,6 mg/kg/h
  • Adrénaline IV
  • Intubation et ventilation mécanique en dernier recours, devant l'échec du traitement, en cas de troubles de la conscience ou d'arrêt respiratoire imminent

8. Complications

  • Décès par bronchospasme, PNO, pneumo-médiastin, emphysème sous-cutané
  • Complications de la réanimation : ulcère de stresse, infections nosocomiales, thromboses veineuses

9. Prévention

  • Suivi adapté et optimal de la maladie asthmatique (contrôle, éviction des facteurs aggravant et déclenchant)
  • Adaptation du traitement de fond
  • Traitement précoce des exacerbation
cours/residanat/pneumologie/asthme_aigu_grave.txt · Dernière modification : 2019/04/15 20:25 de admin@medwiki-dz.com

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