Table des matières

Pleurésies à liquide claire (non purulente)

1. Physiologie et physiopathologie

2. Diagnostic positif

2.1. Circonstances de découverte

Tous ces signes cliniques peuvent manquer (pleurésie minime < 500 cc)

2.2. Affirmer le diagnostic

  1. Radiographie thoracique :
    • Opacité dense, homogène, non systématisée, effaçant les contours des éléments de voisinage, non rétractile, limitée par une ligne bordante concave en haut et en dedans = épanchement libre
    • Autres aspects :
      • Poumon blanc refoulant (≠ atélectasie totale ⇒ signes de refoulement/signes de rétraction)
      • Épanchement partiellement cloisonné (visible derrière la coupole au cliché de profil)
      • Épanchement sous pulmonaire (augmentation de la distance poumon-poche à air gastrique (≥ 15 mm), surélévation de la coupole droite)
      • Épanchement cloisonné (image médiastinale, arrondie, épanchement scissural, épanchement arrondi postérieur suspendu)
  2. Échographie thoracique :
    • Image anéchogène
    • Utile pour les épanchements cloisonnés, différentier d'un collapsus, repérage et guidage des ponctions difficiles
  3. TDM thoracique :
    • Pas indispensable en urgence sauf suspicion d'hémothorax ou d'embolie pulmonaire
    • Permet de rechercher des signes d'orientation étiologique (plaques pleurales, nodules ou masses, lymphangite carcinomateuse…)

2.3. Ponction pleurale

2.3.1. Étude du liquide pleural

  1. Macroscopie :
    • Tout épanchement qui n'est pas franchement citrin et clair est à priori exsudatif
    • Purulent (fétide dans les empyèmes à anaérobies)
    • Hémorragique : pas toujours synonyme d'hémothorax ; context post-traumatique ⇒ hématocrite pleurale ; si non, premier diagnostic = néoplasique
    • Lactescent : oriente vers un chylothorax
  2. Examens biologiques de première intention :
    • Biochimie : protide et LDH
      • Protides < 25 g/l ⇒ transsudat ; > 35 g/l ⇒ exsudat
      • Entre 25 et 35 g/l : critères complémentaires (de Light)
        • LDH > 200 UI/L OU protides pleuraux/sériques > 0,5 OU LDH pleuraux/sériques > 0,6 ⇒ exsudat
    • Cytologie :
      • Leucocytes : en général < 1000/µl dans les transsudats, > 1000/µl dans les exsudats
      • Lymphocytaire : TBK, néoplasique, lymphome, chylothorax, rhumatoïde…
      • PNN : infections (para-pneumonique, réaction à des foyers infectieux sous-phréniques…), EP aiguë, pancréatite aiguë
      • PNE : PNO, hémorragique, médicamenteuse, parasitaire, asbestosique bénigne, cancer…
      • Cellules tumorales :
        • Permettent d'affirmer la nature néoplasique
        • Suffisantes si cancer connu, histologie indispensable si non
        • Immunohistochimie possible (orientation)
    • Bactériologie :
      • Recherche de germes pyogènes habituels (examen direct, culture aérobie et anaérobie)
      • Recherche de mycobactéries (examen direct et culture)
  3. Examens biologiques de deuxième intention :
    • pH pleural : < 7,20 ⇒ justifie un drainage pour certains auteurs (discuté), en cas d'EPL fébrile pas typiquement purulent, bactériologie négative
    • Hématocrite : pleurale/sanguine > 0,5 ⇒ hémothorax vrai
    • Amylase : élevée en cas de pathologie pancréatique et sous-phrénique
    • Glucose :
      • Pleurésie rhumatoïde : taux normal (> 0,5 glycémie) ⇒ peu probable
      • Présence de bactéries : abaissé
    • Triglycérides :
      • Liquide lactescent et Tg > 1,1 g/L (1,2 mmol/L) ⇒ confirme le chylothorax

3. Diagnostic étiologique

Principales étiologies des épanchements pleuraux :

Transsudats Exsudats
Cellules tumorales Neutrophiles Lymphocytes Éosinophiles
- Plutôt bilatéral :
Insuffisance cardiaque
Dialyse péritonéale
Syndrome néphrotique
Pleurésie métastatique
Mésothéliome
Hémopathies malignes
Épanchement para-pneumonique
Embolie pulmonaire
Pancréatite
Foyer sous-phrénique
Atteinte œsophagienne
Tuberculose
Cancer
Lymphome
Sarcoïdose
Chylothorax
Connectivites (PR, LED)
Hémothorax
Pneumothorax
Embolie pulmonaire
Pleurésie asbestosique bénigne
Parasitose
Pleurésie médicamenteuse
Cancer
- Plutôt unilatéral :
Cirrhose
Atélectasie
Embolie pulmonaire

3.1. Orientation clinique

3.1.1. Situations typiques

3.1.2. Situations moins typiques

3.2. Pas d'orientation clinique

3.2.1. Transsudat

3.2.2. Exsudat

3.3. Causes des principaux épanchements pleuraux

3.3.1. Transsudat

  1. Insuffisance cardiaque gauche : tableau clinique et radiologique le plus souvent évocateur (ICG, signes de surcharge)
  2. Cirrhose :
    • EPL typiquement : indolore, bien toléré (sauf si abondant), unilatéral ou prédominant à droite
    • Si douloureux, fébrile ou bilatéral (en l'absence de syndrome œdémato-ascitique) ⇒ pousser les explorations
  3. Syndrome néphrotique : bilatéral et symétrique
  4. Atélectasie : majoration de la pression négative intra-pleurale, rarement abondant
  5. Embolie pulmonaire : peut donner des EPL transsudatifs

3.3.2. Exsudats

3.3.2.1. Néoplasique

Mésothéliome :

3.3.2.2. Infectieux

  1. Pneumonies bactériennes : ponctionner pour distinguer :
    • EPL para-pneumonique “non compliqué” :
      • Liquide clair, peu abondant, stérile (examen direct et culture), pH > 7,2
      • ⇒ Simple antibiothérapie (évacuation optionnelle)
    • EPL para-pneumonique “compliqué” (pleurésie purulente) :
      • Liquide trouble ou purulent ou abondant ou cloisonné ou présence de germe (examen direct ou culture) ou pH < 7,2 (discuté) ou LDH > 1000 ou glycopleurie < 2,2 mmol/L
      • ⇒ Antibiothérapie + évacuation du liquide (ponctions itératives si pas de cloisons, drainage, thoracoscopie de débridement, pas de consensus sur la place du lavage ou de la fibrinolyse pleurale)
  2. Pneumonies virales : épanchement peu abondant, lymphocytaire ou mixte, non spécifique ; avec parfois péricardite (pleuro-péricardite virale)
  3. Pleurésie tuberculeuse :
    • Pleurésie séro-fibrineuse (à distinguer du pyopneumothorax tuberculeux = rupture d'une caverne dans la plèvre ⇒ caséum riche en BK), qui peut survenir au décours immédiat (6 à 12 semaines) d'une primo-infection, ou à distance (réactivation d'un foyer ancien)
    • Cliniquement aspécifique : début progressif, fièvre modérée, amaigrissement, IDR positive (négative chez 30% des immunocompétents ⇒ n'exclue pas le diagnostic)
    • Peu ou pas de lésions parenchymateuses
    • BK de l'expectoration exceptionnellement positive
    • Liquide exsudatif riche en protéines, lymphocytaire (parfois mixte au tout début), BK à l'examen directe rarissime, culture + dans 30% des cas
    • Biopsie à l'aveugle +++

3.3.2.3. Autres

  1. Embolie pulmonaire :
    • 20% des EP s'accompagnent d'EPL
    • Peu abondant, citrin ou séro-hématique, formule aspécifique
    • Peut être transudatif dans 20% des cas
  2. Pleurésies bénignes liées à l'amiante :
    • Diagnostic d'exclusion
    • EPL volontiers à bascule, lymphocytaire non spécifique
    • Suspecté devant exposition à l'amiante, plaques pleurales +/- calcifiées
    • Toujours penser au mésothéliome ⇒ histologie +++ (thoracoscopie)
  3. Post-traumatique
  4. Rupture œsophagienne : à gauche, avec présence quasi constante d'un niveau liquidien
  5. Pathologie sous-diaphragmatique (pancréas +++)
  6. Maladie de système (LED et PR +++)

Résumé basé sur l'item 202 du référentiel du collège des enseignants de pneumologie (Épanchement pleural), mise à jour 2017