Table des matières

Lymphome de Hodgkin de l'adulte

1. Introduction

2. Intérêt

3. Épidémiologie

4. Anatomie pathologique

  1. Cellule de Reed-Steinberg :
    • Volumineuse, cytoplasme abondant, clair et basophile
    • Un noyau multilobé, nucléoles multiples et volumineux
    • Elle sont très minoritaires par rapport aux cellules réactionnelles (granulome, sclérose, richesse ou déplétion en lymphocytes)
    • Immunohistochimie :
      • Marqueurs des cellules lymphoïdes activées : CD30, CD25, HLADR, CD71 ; mais aussi CD15 (fréquent) et CD20 (30% des cas)
      • Cellules réactionnelles encourant les CRS : LT CD3+
  2. Classification histologie :
    1. Classification de Lukes-Rye (1966) :
      • Type 1 (nodulaire ou diffus) : forme à prédominance lymphocytaire
      • Type 2 : forme scléronodulaire
      • Type 3 : forme à cellularité mixte
      • Type 4 : forme à déplétion lymphocytaire
    2. Classification OMS :
      • Forme nodulaire (70%) : la plus fréquente
        • Avec épaississement capsulaire fibreux, parenchyme nodulaire, fibrose annulaire ou en bandes épaisses
        • Cellules tumorales : cytoplasme abondant ⇒ aspect lacunaire
      • Forme à cellularité mixte (20-25%) :
        • Population cellulaire abondante : cellules lymphoïdes, plasmocytes, histiocytes, polynucléaires, amas de cellules épithélioïdes
        • L'ensemble constitue un granulome
      • Forme riche en lymphocytes (5%) :
        • Prolifération de petits lymphocytes
      • Forme à déplétion lymphocytaire (< 5%) : la plus rare
        • Déplétion des lymphocytes non tumoraux
        • Variante riche en CRS, et forme avec fibrose collagène diffuse

5. Mode d'extension

  1. Lymphatique :
    • Début ganglionnaire uni-focal puis extension de proche en proche aux territoires ganglionnaires adjacents
    • Site initial (par ordre de fréquence) : intra-thoracique, cervical haut ou moyen, inguino-crural ou lombaire, axillaire
    • Extension :
      • Intra-thoracique ou cervical ⇒ creux sus-claviculaires et aisselles
      • Sous-diaphragmatique ⇒ sus-claviculaire gauche surtout (en passant par le canal thoracique et en respectant le médiastin le plus souvent)
      • Axillaire ⇒ sus-claviculaire homolatéral
  2. Hématogène :
    • Second mode d'extension
    • Explique l'atteinte splénique, osseuse, médullaire, pulmonaire et hépatique
    • L'hépatique peut aussi résulter d'une extension lymphoïde à partir des ganglions lombo-aortiques et de la rate
  3. Contiguïté :
    • À partir d'un ganglion envahi
    • Explique l'atteinte péricardique, de la paroi thoracique ou d'une vertèbre isolée
    • Autres atteintes exceptionnelles : cutanée, thyroïdienne, digestive, cardiaque, cérébro-méningée, gonadique

6. Diagnostic positif

6.1. Circonstances de découverte

6.2. Examen clinique

6.3. Bilan para-clinique

  1. Biologie :
    • Signes inflammatoires : VS, hyperleucocytose à PNN, hyper-fibrinémie, hyper alpha-2-globulinémie, thrombocytose
    • Signes d'évolutivité : anémie, lymphopénie, augmentation des LDH
    • Autres anomalies non spécifiques :
      • Hyperéosinophilie
      • Cytopénies (peut traduire exceptionnellement une hémolyse ou une thrombopénie auto-immune)
      • Augmentation des phosphatases alcalines (atteinte hépatique, médullaire ou osseuse)
      • Cholestase (obstruction des voies biliaires par des ADP ou des localisations intra-hépatiques massives)
  2. Imagerie :
    • Radiographie thoracique : reste indispensable
      • Évaluation de la masse ganglionnaire médiastinale : largeur de la masse/diamètre thoracique au niveau T5-T6 ⇒ 0,35 = volumineuse, 0,45 = très volumineuse
    • TDM thoracique :
      • ADP : médiastinales, hilaires, sous-carénaires
      • Atteintes : pulmonaire, pleurale, péricardique, pariétale
    • TDM abdomino-pelvienne :
      • ADP : portale, mésentérique, rétro-péritonéale haute, iliaque
      • Taille et état du parenchyme (homogénéité après injection de PDC) hépatique et splénique
    • Échographie abdominale : peut contribuer à déceler des nodules spléniques
  3. Autres :
    • Biopsie médullaire :
      • Systématique si : signes généraux, forme disséminée ou déficit immunitaire
      • Optionnelle chez les patients jeunes, avec forme localisée, sans signes généraux (stades IA et IIA)
    • Myélogramme : insuffisant pour déceler une atteinte médullaire ⇒ inutile dans le bilan initial
    • Examens optionnels (selon le contexte clinique surtout) :
      • Scintigraphie osseuse : peut orienter la recherche de localisations osseuses
      • IRM : peut aider à la recherche de localisations osseuses, épidurales, musculaires
      • TEP-FDG : encore à l'étude, semble prometteur pour le bilan initial ou lors de récidives
      • Fibroscopie bronchique : utile devant une atteinte médiastinale volumineuse, localisation pulmonaire, recherche d'atteinte bronchique
      • Biopsie transcutanée hépatique : utile devant une cholestase sans atteinte spécifique au scanner (recherche de pathologie associée)

6.4. Atteintes endo-thoraciques

6.4.1. Atteinte ganglionnaire médiastinale

6.4.2. Atteinte du parenchyme pulmonaire

6.4.3. Atteinte pleurale

6.4.4. Atteinte bronchique

7. Classification

La plus utilisée = classification de Ann-Arbor (stades anatomiques), modifiée (classification de Costwolds)

Classification d'Ann-Arbor :

  1. Stades :
    • I : un seul territoire ganglionnaire atteint
    • II : plusieurs territoires du même coté du diaphragme
    • III : plusieurs territoires de part et d'autre du diaphragme (la rate est assimilée à un territoire ganglionnaire)
    • IV : diffusion viscérale hématogène (quelque soit l'atteinte ganglionnaire)
  2. Suffixes :
    • S : atteinte splénique
    • E : extension par contiguïté
    • A : absence de signes cliniques (fièvre, sueurs, amaigrissement) - B : présence d'un signe au moins
    • a : absence de signes biologiques d'évolutivité (anémie, lymphopénie, hyper-LDH) - b : présence de 2 signes au moins

Modification de Costwolds (1988) :

  1. Stades :
    • I : un seul groupe ganglionnaire ou structure lymphoïde atteinte (médiastin = 1, cervical gauche = 1, rate = 1, anneau de Waldeyer = 1)
    • II : atteinte ≥ 2 groupes ganglionnaires d'un seul coté du diaphragme ; nombre de territoire atteints indiqué en indice (IIx) ; (médiastin = 1, chaque hile = 1 indépendamment du médiastin)
    • III : atteinte de part et d'autre du diaphragme
      • III1 : atteinte limitée à : rate, ganglions hilaires spléniques, ganglions cœliaques ou du tronc porte
      • III2 : atteinte ganglions latéro-aortique, iliaques, mésentériques (+/- III1)
    • IV : atteinte extra-ganglionnaire distincte d'une localisation viscérale contiguë, ou atteinte hépatique ou moelle osseuse
  2. Suffixes :
    • A : absence de signes généraux - B : présence d'au moins 1 des 3 signes généraux (fièvre, sueurs, amaigrissement)
    • X : masse tumorale importante (M/T ≥ 1/3, masse ganglionnaire ≥ 10 cm de grand axe)
    • E : extension viscérale unique par contiguïté

8. Facteurs pronostiques

En plus des 4 stades :

  1. Formes localisées (stades I-II ⇒ 60% des LH) :
    • Volume de l'atteinte médiastinale +++
    • Âge
    • Nombre de territoires atteints
    • Présence ou non de signes généraux
    • Élévation de la VS
    • ⇒ Ces critères distinguent 2 groupes : favorable (40% des stades I-II) de défavorable (60%)
  2. Formes disséminées (stades III-IV) :
    • Sexe masculin
    • Âge > 45 ans
    • Stade IV viscéral
    • Anémie
    • Hyperleucocytose
    • Lymphopénie
    • ⇒ Le nombre de facteurs de risque permet d'estimer le risque de progression ou de rechute

9. Diagnostic différentiel

  1. Formes ganglionnaires médiastinales :
    • ADP bénignes : tuberculose, sarcoïdose, ADP aiguës virales
    • ADP malignes : LMNH, hémopathies (Kahler, leucoses), métastases
  2. Tumeurs du médiastin moyen :
    • Kyste bronchogénique
    • Tumeurs vasculaires
  3. Formes parenchymateuses :
    • Tuberculose
    • SarcoÏdose
    • Poumon des hémopathies
  4. Forme bronchique :
    • Néoplasie bronchique (CPC++)
  5. Forme pleurale :
    • Pleurésie tuberculeuse
    • Pleurésie maligne (primitive ou secondaire)

10. Traitement

10.1. Chimiothérapie

10.2. Radiothérapie

10.3. Indications et résultats

  1. Stades localisés sus-diaphragmatiques (I et II) :
    • Chimio-radiothérapie = référence
    • ABVD 3 à 4 cycles
    • Puis irradiation des territoires initialement atteints
    • Pronostic : selon les facteurs pronostiques
      • Favorable : survie sans rechute à 5 ans = 90-95%, survie = 95-98%
      • Défavorable : survie sans rechute à 5 ans = 80-85%
  2. Stade IIIA :
    • Le traitement de ce groupe restreint reste controversé
    • Chimioradiothérapie
    • III1A : amélioration du taux de survie sans rechute, mais pas d'amélioration de la survie (par rapport à une irradiation exclusive)
    • III2B avec facteurs défavorables : bénéfice de l'irradiation après rémission complète non démontré (sauf atteinte médiastinale volumineuse)
  3. Stades IIIB et IV :
    • Survie à 10 ans de seulement 40-60% (malgré amélioration de 10-15% ces 30 dernières années) ⇒
    • Traitement standard pour les formes à pronostic favorable, meilleur identification des formes graves et développement de stratégies adaptées aux facteurs pronostiques, en tenant compte de la toxicité à long terme

10.4. Formes particulières

  1. Stades I et II sous-diaphragmatiques :
    • Selon les facteurs pronostiques, chimioradiothérapie ou chimiothérapie exclusive
    • Stades IA inguino-fémoraux sans facteurs défavorables : irradiation exclusive possible
  2. Sujet âgé :
    • Toxicité immédiate et risque de complication ⇒ précautions
    • Stades localisés sus-diaphragmatiques : chimiothérapie brève puis radiothérapie
    • Stades disséminés : chimiothérapie exclusive
  3. Grossesse :
  4. Infection VIH :

10.5. Évaluation de la réponse

10.6. Rechutes et formes réfractaires

11. Complications

Bien que de bon pronostic (taux de guérison de 75% tous stades confondus), l'excès de mortalité s'observe après 15 ans (second cancers et complications cardiaques essentiellement)

11.1. Complications non malignes

11.1.1. Cardiovasculaires

11.1.2. Pulmonaires

11.1.3. Infectieuses sévères

11.1.4. Thyroïdiennes

11.1.5. Fertilité

  1. Homme :
    • Azoospermie quasi constante et souvent définitive après alkylants
    • Elle survient dans 50% des cas et souvent réversible après ABVD
  2. Femme :
    • Aménorrhée dans 80% des cas, et taux élevé de ménopause précoce après MOPP (chez la femme de plus de 25 ans)
    • Risque moindre après ABVD

Radiothérapie : conséquences désormais limitées par la réduction des indications d'irradiation sous-diaphragmatique


Les complications digestives tardives graves, favorisées par la chirurgie et des doses par fraction > 2 Gy ne devraient plus être observées

11.2. Complications malignes

  1. Leucémies aiguës et myélodysplasies :
    • Risque maximal entre 4 et 8 ans après traitement
    • Surtout avec MOPP, négligeable avec ABVD seul ou irradiation seule
  2. Lymphomes non Hodgkiniens :
    • Observés avec fréquence accrue
    • FDR : âge, sexe masculin, dépression immunitaire iatrogène, anomalies immunitaires liées au LH
  3. Tumeurs solides secondaires :
    • Représente à long terme la menace la plus grave
    • Plus fréquents : poumon, sein, estomac, thyroïde, os, mélanome ; mais aussi : glandes salivaires, intestin et côlon chez l'homme, plèvre

12. Surveillance après traitement

  1. Objectifs :
    • Contrôler le maintien de la rémission
    • Déceler les complications liées au traitement
    • Évaluer la qualité de vie après traitement
  2. Modalités :
    • Tous les 3 mois pendant 2 ans
    • Tous les 4 mois pendant 1 an
    • Tous les 6 mois jusqu'à 5 ans
    • Puis, une fois par an
    • Les 5 premières années : Radiographie, FNS, VS (risque de rechute) ; TDM en cas de suspicion d'évolutivité
    • Au delà : prévention et détection des complications tardives (cardiaques, thyroïdiennes, gonadiques et secondes tumeurs)

13. Conclusion