Silice ou dioxyde de silicium (SiO2) ⇒ très répandu dans la nature
Peut se combiner à divers oxydes métalliques ⇒ silicates (argile, amiante, mica…)
Entre dans la composition d'un grand nombre de roches (granite, grès, sable, silex, schiste, ardoise…)
Peut être sous forme cristalline ou amorphe
2. Professions exposées
Mines et carrières
Fonderies (moules de sable)
Verre, cristal, faïence, porcelaine
Sculpture, taille et polissage
Prothèse dentaires
Bijouterie
BTP (piquage, tronçonnage de matériaux, parpaings, briques, sablage de façades)
Industrie du caoutchouc
Fabrication de matières plastiques
Fabrication de cristaux de quartz en électronique
3. Physiopathologie
Déséquilibre entre :
La pénétration des particules et moyens d'épuration
Toxicité de la silice et mécanismes de réparation
3.1. Déséquilibre entre synthèse et destruction du collagène
Régions ou la destruction prédomine ⇒ emphysème
Régions ou la stimulation des fibroblastes prédomine ⇒ formation de nodules fibrohyalins dans l'espace interstitiel ⇒ peuvent confluer ⇒ masses pseudo-tumorales (destruction progressive du poumon)
3.2. Paramètres influençant la toxicité des poussières inhalées
Nature chimique des particules : la silice cristalline à un très fort pouvoir fibrosant
Taille et diamètre : < 5 µm ⇒ atteignent les alvéoles
Concentration de particules inhalées
Durée d'exposition
Phénomènes de surface : par exemple, la toxicité est moindre si les grains de silice sont recouverts de sel d'aluminium ⇒ différence de risque de développer la maladie selon l'activité professionnelle
Susceptibilité individuelle : mal connue (ATCD respiratoires, tabagismes, génétique, âge…)
4. Clinique
4.1. Phases évolutives
Phase latente : Peut durer 10 à 30 ans
Radiologique uniquement
Aucun signe d'appel
Phase d'état :
Signes fonctionnels non spécifiques évoquant un banale bronchite chronique (toux, expectoration)
Dépistage +++ (les signes Rx précèdent la clinique)
Lésions élémentaires : (micro-)nodules profus, bilatéraux, symétriques, tiers moyens et supérieurs +++ ; peuvent confluer ⇒ masses pseudo-tumorales
Remaniement cicatriciels : emphysème, fibrose…
ADP médiastinales calcifiées en “coquille d'œuf”
Autres : bulles d'emphysème, cavités (nécrose aseptique, BK), PNO, cardiomégalie
Il existe une classification du Bureau International du Travail (2000) pour les anomalies parenchymateuses ⇒ faciliter l'exploitation épidémiologique des anomalies radiologiques
5.2. Scanner thoracique
Étude précise du parenchyme
Fibrose interstitielle, micronodules surtout sous-pleuraux, bulles et excavations, pseudo-tumeurs
5.3. EFRs
Souvent normaux au début
Syndrome restrictif : perte d'élasticité
Syndrome obstructif : bronchite chronique souvent présent avec l'emphysème
Syndrome mixte
Perturbation des échanges : diminution de la DLCO
Hypoxie + (hypo-, normo-, ou hypercapnie)
5.4. LBA
Étude minéralogique : mise en évidence des particules de silice
Mais ne peut différencier un sujet sain exposé à un sujet silicotique
5.5. Anatomopathologie
Plusieurs phases :
Alvéolite macrophagique
Granulome silicotique dans les cloisons inter-alvéolaires
Nodule silicotique fibrohyalin, de 1 à 6 mm de diamètre, énucléable, caractéristique
Une biopsie ne peut pas être exigée pour faire la preuve de la maladie professionnelle
6. Pathologies associées liées à l'exposition à la silice
Syndrome de Caplan-Colinet :
Polyarthrite chronique + images radiologiques de pneumoconiose
Sclérodermie généralisée progressive :
Sclérodermie + silicose = syndrome d'Erasmus
Cancer broncho-pulmonaire :
Lien probable entre exposition à la silice et cancer broncho-pulmonaire, en dehors de la survenue d'une silicose
Si cancer survenant chez un silicotique ⇒ réparable (France, à confirmer en Algérie)
Néphropathies glomérulaires :
Glomérulonéphrites rapidement progressives avec prolifération extra-capillaire
Exposition importante à la silice également liée à la survenue de syndrome de Goodpasture, néphrite à IgA, maladie de Wegener
7. Traitement
Aucun traitement spécifique curatif
Traitement symptomatique et des complications
8. Prévention
Prévention technique :
Mesures collectives et individuelles sur les lieux de travail afin de supprimer ou de minimiser l'exposition
Prévention médicale :
Ne pas exposer les patients présentant une prédisposition à la maladie :
Lésions pulmonaires chroniques (séquelles de TP +++)
Lésions organiques ou fonctionnelles susceptibles d'augmenter la ventilation pulmonaire
Lésions organiques ou fonctionnelles susceptibles d'altérer la perméabilité des voies aériennes supérieures
Soustraire à l'exposition le plus rapidement possible les patients présentant des signes débutants de la maladie
Ne pas oublier la déclaration et la reconnaissance en maladie professionnelle en vue d'une réparation légale
— Résumé basé sur le document de Caroline Manet, Annabelle Fremiot, Internes de Nancy, concours C, JDV Nancy, 10 janvier 2005