Table des matières

Asthme difficile à contrôler

1. Définition

2. Diagnostic

3. Démarche standardisée

Devant tout asthme difficile, il faut (dans l'ordre) :

3.1. Confirmer le diagnostic d'asthme

  1. BPCO associée :
    • 30% d'asthmatiques fumeurs ⇒ association fréquente (avec le temps)
    • Très difficile de faire la part des choses (réversibilité ≠ asthme)
    • Arguments pour BPCO :
      • Emphysème (distension = augmentation de CRF et VR) ; peut exister dans l'asthme et répond au test de réversibilité
      • Diminution de la DLCO : précoce dans la BPCO, absente dans l'asthme
      • Perturbation de l'hématose (au repos) : hypoxie + normo- ou hypercapnie
  2. Manifestations liées à l'anxiété : dysfonction des cordes vocales et syndrome d'hyperventilation :
    • Anxiété : souvent présente chez l'asthmatique (surtout en crise) ; et peut également être un authentique facteur déclenchant
    • Dysfonction des cordes vocales :
      • Tableau parfois spectaculaire, et très trompeur (mime une authentique crise d'asthme : dyspnée aiguë, wheezing, réponse aux SABA par levée du spasme fonctionnel)
      • Éléments de diagnostic :
        • Syndrome d'hyperventilation associé (hypocapnie sans hypoxie) lors de l'évènement aigu
        • Aspect aplati ou festonné de la courbe débit-volume lors de l'inspiration
        • Répétition des crises sans inflammation (FeNO basse)
      • Diagnostic affirmé par laryngoscopie directe
      • Doit être distinguer de l'attente inflammatoire liée au RGO ou des dysphonies induites par les CSI
    • Syndrome d'hyperventilation :
      • Angoisse majeur, sensation réelle d'asphyxie
      • En crise ⇒ diagnostic facile : pas de wheezing, auscultation libre, GDS +++ (hypocapnie parfois profonde, sans hypoxie)
      • En dehors des crises ⇒ diagnostic difficile ⇒ rechercher les symptômes accompagnateurs (fréquents) : notamment paresthésie des mains ou périorales ; on peut s'aider du test de Nijmegen : > 22 points = positif
        • Sensation de tension nerveuse : 0=jamais, 1=rarement, 2=parfois, 3=souvent
        • Incapacité à respirer profondément : idem
        • Respiration accélérée ou ralentie
        • Respiration courte
        • Palpitations
        • Froideurs des extrémités
        • Vertiges
        • Anxiété
        • Poitrine serrée
        • Douleur thoracique
        • Flou visuel
        • Fourmillement des doigts
        • Ankylose des bras et des doigts
        • Sensation de confusion
        • Ballonnement abdominal
        • Fourmillement péribuccaux
      • Spirométrie : obstruction légère, disproportionnée par rapport aux symptômes
      • Toujours est-il que le diagnostic est difficile car l'asthme induit aussi une hyperventilation (on peut être obliger d'aller jusqu'à une épreuve d'effort avec mesure de la VO2 max)
    • Prise en charge : souvent difficile
      • Faire admettre au patient que ses symptômes sont distincts de l'asthme, et sans gravité
      • Psychothérapie
      • Kinésithérapie pour l'hyperventilation
  3. Insuffisance cardiaque :
    • Surtout chez le sujet de plus de 60 ans
    • Poussées de sub-OAP, spontanément résolutif au début de la maladie ⇒ mime un asthme (caractère paroxystique)
    • Sibilants plus que crépitants, et sensation de sifflement rapporté par le malade
    • TLT, dosage du BNP et échographie cardiaque (dysfonction diastolique +++)
  4. Tumeur bronchopulmonaire :
    • Fumeur ou non
    • Tumeurs bénignes chez l'enfant et l'adulte jeune (très peu probablement évoquées), malignes chez le plus âgé, mimant une aggravation d'un asthme pré-existant le plus souvent
    • TLT et/ou TDM au moindre doute, voir fibroscopie (tumeur endo-bronchique)
  5. DDB et mucoviscidose :
    • Surtout quand toux productive au premier plan
    • Exacerbations souvent infectieuses
    • TVO irréversible
    • Diagnostic = TDM : calibre bronchique augmenté et épaississement de la paroi bronchique (image en bague à chaton)
    • Mucoviscidose méconnue systématiquement suspectée ⇒ test à le sueur +/- recherche de mutation du gène codant la protéine cystic fibrosis transmembrane conductance regulator (CFTR)
    • Penser à l'ABPA = cas particulier de DDB
  6. Polychondrite atrophiante :
    • Maladie rare
    • Dégénérescence des cartilages, notamment bronchiques ⇒ bronchospasme surtout à l'effort et à l'augmentation de la pression thoracique lors d'une expiration forcée ⇒ TVO non réversible
    • Associées à autres atteintes (articulaires +++)
    • Diagnostic :
      • Fibroscopie : collapsus expiratoire
      • TDM : collapsus des voies aériennes sur coupes en expiration forcée
  7. Embolie pulmonaire :
    • Systématiquement évoquée devant dyspnée aiguë
    • Sibilants rares mais possibles
    • Se méfier d'une maladie thromboembolique chronique avec microemboles à répétition, occasionnant des crises parfois sans douleurs ⇒ mime un asthme
  8. Sténose trachéale : endoscopie = diagnostic

3.2. Identifier les formes cliniques particulières

3.2.1. Aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA)

Voir cours Poumon éosinophile - Pneumopathie mycotique (ABPA)

3.2.2. Maladie de Churg & Strauss

Voir cours Vascularites

3.2.3. Pneumopathie chronique à éosinophiles

Voir cours Poumon éosinophile - Pneumopathie chronique éosinophile (PCE) - maladie de Carrington

3.3. Identifier le phénotype de l'asthme

Les diagnostics différentiels étant éliminés, on bel et bien devant un asthme. Il faut en identifier le phénotype pour orienter au mieux sa prise en charge. Tous en sachant que la difficulté réside au fait que ces phénotypes sont plus ou moins intriqués le plus souvent.

À ce stade, on peut “classer” le patient en sous-groupes en vu d'une prise en charge spécifique ; selon : âge, sexe, IMC, âge de début de l'asthme, fonction respiratoire, tests cutanés, expectoration induite éventuellement.

3.4. Prendre en compte les comorbidités

3.4.1. Rhinite allergique

3.4.2. Polypose naso-sinusienne

3.4.3. Reflux gastro-oesophagien

3.5. Contrôler les facteurs déclenchant

3.6. Évaluer l'observance


Résumé basé sur : Magnan A, Colchen A, Cavaillès A, Pipet A. Asthme difficile à contrôler. EMC Pneumologie 2012;9(2):1-10 [Article 6-039-A-47].