Fibres d'amiante (caractère fibreux défini par un rapport longueur/diamètre > 3)
Deux familles distinctes : serpentines, amphiboles
L'exposition peut être professionnelle (le plus souvent), domestique ou environnementale
2. Asbestose
Terme utilisé à tord pour l'ensemble des pathologies bénignes liées à l'amiante, doit être réservé à la fibrose pulmonaire secondaire à l'inhalation d'amiante
2.1. Physiopathologie et anatomopathologie
La majorité des fibres se déposent sur les premières et secondes bifurcations des canaux alvéolaires
En quelques heures : afflux de macrophages alvéolaires
Libération de facteurs chimiotactiques ⇒ neutrophilie réversible et sécrétion de facteurs pro-fibrosants
Quand la rétention de fibres est importante, apparition d'une fibrose pouvant progresser vers une asbestose cliniquement décelable
Les lésions ressemblent à d'autres formes de fibroses médicamenteuses ou primitives ; ce qui oriente, c'est la prédominance basale et la concentration de fibres d'amiante dans le tissu pulmonaire
Les corps asbestosiques sont visible dès l'examen en microscopie optique
La sévérité de la fibrose est corrélée à la charge pulmonaire en amiante
2.2. Histoire naturelle
Longue période de latence entre le début de l'exposition et les premières anomalies cliniques ou radiologiques (habituellement 20 ans)
Parfois plus courte (ex. exposition professionnelle massive)
Les anomalies radiologiques peuvent progresser même après arrêt de l'exposition, surtout si fibres amphiboles
Relation dose-réponse clairement démontrée
Existence d'un seuil d'exposition cumulé en dessous duquel il n'y a pas de risque (≤ 25 fibres/ml/an)
Plus grande fibrogénicité des fibres longues et des fibres amphiboles
Facteurs de susceptibilité individuelle encore mal connus (clairance des fibres longues…)
Influence du tabac : controversé
2.3. Diagnostic
2.3.1. Circonstances de découverte
Les signes radiologiques précèdent la clinique
Symptômes : toux sèche, dyspnée d'effort, douleurs thoraciques habituelles (mais parfois dues à une fatigue musculaire), jusqu'à l'IRC +/- CPC
Signes : râles crépitants +++ (parfois très précoces) au niveau des bases, en fin d'inspiration, hippocratisme digital (formes évoluées)
2.3.2. Signes radiologiques
Signes non spécifiques
Radiographie :
Opacités interstitielles, irrégulières, plutôt linéaires, accentuant la trame vasculaire, prédominant aux bases
Les images deviennent de plus en plus denses et s'étendent vers le haut, tout en restant bilatérales et grossièrement symétriques
Il existe une classification internationale des images de pneumoconioses
TDM : plusieurs entités sémiologiques
Lignes septales : épaississements des septa inter-lobulaires (opacités linéaires de 1 à 2 cm, perpendiculaires à la paroi)
Lignes non septales, intra-lobulaires : souvent accompagnées d'irrégularités de l'interface poumon-plèvre
Lignes courbes sous-pleurales : situées à moins d'1 cm de la plèvre, parallèles à la paroi, plus souvent postérieures
Verre dépoli : signe de fibrose peu sévère (inter-alvéolaire, inter-lobulaire) ou d'œdème, non caractéristiques
Rayon de miel : dans les formes évoluées
2.3.3. Fonction respiratoire
Normale au début
Puis réduction des volumes (TVR) et de la DLCO
Parfois, atteinte associée des petites voies aériennes
2.3.4. Critères diagnostic (ATS 2003)
Critères ATS 2003 pour l'asbestose et les autres maladies bénignes liées à l'amiante :
Existence de lésions structurelles compatibles
Preuve d'une exposition (ayant débuté plus de 15 ans avant le début de la maladie)
Exclusion d'autres causes possibles
Si l'interrogatoire n'est pas concluant ⇒ recherche de corps asbestosiques au LBA ou dans l'expectoration
Les anomalies radiologiques ne sont pas spécifiques (ne peuvent différencier une FPI)
Biopsie pulmonaire seulement si on suspecte un diagnostic différentiel accessible à un traitement curatif ; on peut rechercher dans ce cas les fibres ou les corps aspestosiques dans le matériel de biopsie
3. Maladies pleurales bénignes liées à l'amiante
Beaucoup plus fréquentes que l'asbestose
Peut toucher les 2 feuillets : pariétal (plaques pleurales) et viscéral (pleurésies, fibroses et atélectasies par enroulement)
Physiopathologie : incomplètement élucidée
Distribution des fibres hétérogène dans la plèvre : zones de concentrations = “black spots”
3.1. Plaques pleurales
Plaques circonscrites de tissu conjonctif de quelques millimètres à 1 cm d'épaisseur, riche en collagène, pauvre en cellules, recouvertes de cellules mésothéliales normales
Sièges presque exclusivement sur le feuillet pariétal
Uni- ou bi-latérales, généralement asymétriques
Siège de prédilection : antéro-latéral entre 3e et 5e cote, postérieur et latéral entre 6e et 9e cote, diaphragme dans sa partie centrale (jonction musculo-tendineuse)
Epargne les sommets et sinus costo-diaphragmatiques
Elles sont le plus souvent asymptomatiques
3.1.1. Épidémiologie
Manifestation pathologique liée à l'amiante la plus fréquente (60%)
Relation dose-effet, et temps-effet
Latence rarement inférieure à 20 ans
3.1.2. Imagerie
Radiographie thoracique :
Vue de profil : opacité allongée, densité hydrique, marges parfois abruptes, grossièrement parallèle à la paroi
Vue de face : ombres mal définies au contours souvent irréguliers (en “carte géographique”), moins denses
Fréquence des calcifications ⇒ facilite le diagnostic
TDM thoracique :
Zones circonscrites d'épaississement pleural, densité tissulaire ou calcique, limites nettes, liseré graisseux les séparant des cotes et des parties molles extra-pleurales
Poumon en regard habituellement normal
3.2. Pleurésies bénignes
Habituellement de faible abondance et spontanément régressives (récidives homo- ou contro-latérales parfois observées)
Peu ou pas symptomatiques (douleur, toux, dyspnée)
Liquide exsudatif, parfois hémorragique, riche en PNE ; il est rare d'y trouver des corps asbestosiques
Lésions inflammatoires et de fibrose non spécifique à la biopsie
Diagnostic d'élimination : exposition documentée, absence d'autre cause, absence de développement de mésothéliome dans les 3 ans qui suivent
Temps de latence moyen de l'ordre de 30 ans
3.3. Fibrose de la plèvre viscérale et atélectasie par enroulement
Beaucoup moins fréquente que les plaques, ne sont pas spécifiques d'une exposition à l'amiante
Souvent séquellaire de pleurésies bénignes, mais peut aussi résulter de l'extension pleurale d'une fibrose pulmonaire sous-pleurale
Rarement bilatérale
Peut causer des symphyses secondaires des deux feuillets
Touche le plus souvent les parties postérieures et inférieures
Histologique : épaississement fibreux, tissus de collagène dense et cellules inflammatoires en quantité variable, parfois dépôts de fibrine à la surface du tissu collagène
Des bandes de tissus fibreux peuvent pénétrer le poumon ⇒ atélectasies par enroulement
Clinique : douleur fréquente, TVR (étendue de la fibrose)
Imagerie :
Radiographie de profile : épaississement pleural plus ou moins étendu, en continuité avec un comblement du CDS costo-diaphragmatique
TDM : épaississement > 3 mm, sur une hauteur ≥ 8 cm, et largeur ≥ 5 cm ; parfois associé à un retentissement parenchymateur (bandes ou atélectasies par enroulement au contact de l'épaississement)